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3 pas vers l’avant, 2 pas vers l’arrière

06/12/2021 | Au quotidien, Progression, Questions, émotions, Soin de soi

Concernant la salle de bains et les produits que l’on y trouve, j’ai été (je suis?) tiraillée entre deux pôles :

  • d’une part aller vers l’avant en réduisant notre empreinte sur la planète, les emballages, les plastiques, les produits chimiques.
  • d’autre part reculer en cédant à ma fascination pour les produits cosmétiques (sans parler de de maquillage), leurs promesses de peau radieuse et sans défaut, de lumière, de jeunesse aussi…

Mon évolution par rapport aux cosmétiques

Une envie de croire aux miracles promis par la pub…

Evidemment cette espèce de fascination pour les cosmétiques est tout sauf rationnelle. Une croyance du genre : « peut-être que si j’utilise ces produits et qu’ils remplissent leurs promesses, je récupèrerai un peu de la beauté des femmes si belles des publicités ». Tout en sachant intellectuellement que tout ça, c’est du flan (ou du photoshop, au choix).

Jusqu’à une date relativement récente, un de mes plaisirs était de parcourir les rayons de ma parapharmacie en quête de nouveaux produits. Prendre mon temps, sélectionner une ou deux nouveautés. Et hop, dans le panier, une lotion exfoliante (peau douce et sans défaut!), un lait corporel magique (des jambes de déesse). Et bien sûr, des échantillons qui me seraient offerts en caisse, à scruter ensuite un par un, avant de les ranger dans le petit bac avec tous les autres échantillons. Petit bac dont ils ne ressortiront pas, même pour les weekends hors les murs…

Et surtout, après ces achats, je revenais très vite à ma routine habituelle, nettoyage-serum-hydratation. Parfois en laissant dans le placard ces produits que j’avais eu tant de plaisir à sélectionner… Et malgré ces flacons délaissés, ou non terminés, au moment où j’étais dans la parapharmacie devant les rayons, j’avais cette espèce d’urgence, cette peur de rater une opportunité ou un produit magique, qui coupait mes facultés cartésiennes et me mettait sur un mode émotif et infantile… Je croyais à la magie des produits et au fait qu’un produit extérieur me permettrait d’être bien avec mon image… Comme la société de consommation et la publicité sont fortes pour nous conforter dans cette idée! Celle qu’être bien avec soi vient de l’extérieur, de produits cosmétiques, de maquillage, de fringues, d’accessoires, d’engins électroniques, ou d’une marque de yaourt bien précise… Que nenni!

Apprendre à résister à la tentation, déjouer les pièges

J’ai largement progressé au fil des années, contrôlant gentillement mes impulsions sur les nouveautés cosmétiques. J’ai accordé ma confiance et mes dépenses à quelques marques sélectionnées, qui me sont agréables et confortables. Et j’ai donc arrêté de papillonner au gré des pubs.

Et pourtant, après avoir fait du tri dans mes produits, et tout en ayant la volonté d’aller encore plus loin dans la démarche minimaliste environnementale pour ma salle de bains, ça ne m’a pas empêchée de rechuter et de craquer totalement et magnifiquement à l’automne dernier! Je vous raconte, a posteriori, cet épisode de dédoublement…

Rechute de consommation…

D’abord, alpaguer le client à l’extérieur…

Une belle journée d’automne, j’ai rendez-vous dans un spa pour un soin visage, un cadeau d’anniversaire. Je n’ai pas pu y aller plus tôt, le premier confinement, l’été… Je suis ravie, car c’est un soin d’une des marques à laquelle je suis fidèle depuis plusieurs années maintenant. Comme je suis venue largement en avance pour profiter du quartier commercial, je déambule, observe les vitrines, rentre dans quelques boutiques de déco. Jusqu’à me faire alpaguer sur le trottoir, devant une petite boutique de cosmétiques dont je ne connais pas le nom, par une jeune vendeuse aux traits orientaux, sensuelle, magnifique.

« Bonjour Madame, voulez-vous essayer notre soin peeling magique, c’est gratuit », me demande-t-elle, en brandissant un flacon en verre raffiné. Il faut beau, je suis de super bonne humeur. Nous sommes toutes les deux à l’extérieur, je ne me sens pas piégée, je me laisse prendre au jeu : « Oui, volontiers ».

Elle dépose sur ma main une pichenette de son produit, masse, sort un coton imbibé de lotion de sa petite sacoche. Elle me fait estimer le résultat : « Vous avez vu comme votre peau est douce et comme neuve là où j’ai utilisé le soin? » 
« Ah oui, effectivement ». Le produit est sans doutes à base d’acides. J’ai déjà testé ce type de produit « magique », l’effet est radical et spectaculaire. « Merci », j’amorce un mouvement d’éloignement.

Puis, réussir à attirer le client dans l’entrée du magasin

Elle poursuit : « L’idéal ensuite est d’hydrater bien sur, pour protéger votre peau. Je peux vous montrer notre crème pour les mains, elle est incroyable, juste à l’entrée du magasin. Je vous en mets sur votre main, je ne vais pas vous laisser repartir ainsi… « .
Bon, c’est juste à l’entrée de l’échoppe, je ne risque rien, la vendeuse est sympa, magnétique, convaincante.

Je rentre à sa suite dans le magasin. Elle saisit un joli tube de crème pour les mains, m’en dépose une noisette sur la main qui a été peelée, masse, me fait apprécier la texture de ma peau :
« Vous avez vu la différence par rapport à votre autre main? »
Bon, c’est sur, y’a pas à hésiter, y’a une vraie différence entre mes deux mains. Puis :
« Vous vous occupez de vos ongles? »
« Ben je les coupe, je les nettoie… »

Est-il nécessaire de préciser que la vendeuse a des griffes vernies splendides, brillantes, longues, polies, dessinées… Rien à voir avec mes ongles coupés ras, au naturel.
« Vous permettez que je vous les polisse, nous avons une petite brosse magique (encore ce mot!!!), je vais vous montrer ».
D’autorité, elle saisit mes doigts dans sa main, une petite cale à 4 faces différentes dans son autre main, et traite de façon adroite mes ongles en les frottant énergiquement. Quelques dizaines de secondes plus tard, les ongles de ma main hydratée sont brillants, lisses, comme vernis. J’ai deux mains très différentes là!!
« Vous avez de belles mains Madame, ça vaut le coup de les soigner, vous avez vu? »
Difficile de ne pas être d’accord. Elle a au final mis un temps très court à transformer ma main, et sans beaucoup de produits ou de manœuvres…

Ferrer le poisson (le pigeon??)

« Nous avons une offre en ce moment sur le kit mains et ongles. Pour tout kit acheté, nous vous offrons le deuxième. »
Forcément alléchant… Et pourtant… Deux kits, sachant que je fais toujours le minimum usuellement pour mes ongles… Un des kits sera un cadeau, ça je le sais déjà, mais quand même, je n’en ai pas besoin!!!! Je lui avoue : « Vous êtes très forte, vous savez ça? Vous avez réussi à me faire entrer dans votre boutique, à me faire essayer trois produits et à me convaincre que ce kit m’est indispensable, chapeau ».

Dédoublement… D’un côté, je suis parfaitement consciente des ressorts psychologiques que la vendeuse a fait jouer, de sa flatterie, du fil qu’elle suit (faire rentrer les clients…), de ses objectifs. D’un autre côté, je suis heureuse de me laisser faire, de croire à la magie des produits qu’elle me fait tester…

De fil en aiguille, je suis ressortie de la boutique 30 minutes plus tard, avec un sac plein de nouveautés, incluant au final deux kits pour les mains, des produits pour le corps… Tout était avec des offres fantastiques, des promos incroyables, qui faisaient croire à une occasion à ne pas manquer. Bien évidemment, les prix d’origine affichés étaient honteux, exorbitants, dingues.

Idéalement, continuer à flatter le client…

Je suis sortie de mon espèce de dédoublement quand j’ai senti que sa sympathie et sa joie communicatives se transformaient en mépris pour la cliente « crédule » que j’étais. Au moment même où elle est passée du jeu de la vente à une forme de lassitude, j’ai pu dire « J’arrête là, je paye, je sors ». J’ai dit non à la carte fidélité, j’ai félicité de nouveau la vendeuse pour son efficacité… D’un seul coup, j’étais pressée de quitter ce lieu de tentations, d’absurdité…

Mon soin dans le Spa (qui était dans une autre boutique!) a été une parenthèse enchantée. A la maison, les produits achetés en état de dédoublement sont restés un moment dans leur sac. J’étais à la fois un peu honteuse de « m’être laissée faire » et heureuse d’avoir pu analyser parfaitement ce qui s’était passé. Avec la certitude que c’était la dernière fois.

Au bout de plusieurs « 3 pas en avant, 2 pas en arrière », c’est impossible de revenir simplement en arrière… : l’habitude est prise.

Ca marche avec les fringues…

Je pourrais aussi vous raconter, à peu près à la même période, une séance de shopping avec mes filles. Malgré ma méfiance pour la fast fashion, malgré mes souhaits de mieux et moins acheter, je me suis retrouvée frétillante avec ma carte bleue en main, à faire plaisir (raisonnablement hein, pas non plus n’importe quoi) à mes deux minettes. Je me suis vue me faire happer par les jolis articles présentés, les imaginer sur l’une ou l’autre : « ça t’irait trop bien ça »… et passer à la caisse. Bien sûr, les filles portent ces t-shirts et sweats. Elles en avaient besoin au moment où nous les avons achetés. Mais peut-être qu’on aurait pu laisser quelques articles sur l’étalage dans le lot…

Accepter les pas en arrière ET persévérer

Tout ça pour vous dire quoi? Que ce n’est pas en une seule fois, en une seule décision que l’on sort de nos vieux schémas. Ce que je vous raconte pour mes achats de produits miracles cosmétiques de parapharmacie peut aussi bien concerner votre envie de diminuer vos achats de fringues, d’arrêter de fumer, de reprendre le vélo, de devenir végétarien.

Le secret est dans la persévérance. Je me souviens d’avoir entendu ce qui suit (David Laroche il me semble, si vous connaissez…). Les personnes qui prennent des bonnes résolutions (et pas forcément celles du 1er janvier), même si elles ne les tiennent qu’au bout de cinq ou six fois, mènent à bout davantage de leurs projets, de leurs envies. C’est-à-dire qu’il vaut mieux prendre des bonnes résolutions, quitte à s’y reprendre à pleins de reprises, que de ne pas en prendre du tout. Il vaut mieux faire quelques pas en avant, revenir en arrière, y retourner, reculer encore, et au final, avoir avancé, que de rester sur place.

Ne croyez pas que si vous reculez, que si vous n’arrivez pas du premier coup à tenir votre belle résolution, à garder votre nouvelle habitude, vous êtes faible ou que sais-je. Non, arrêtez de vous juger et dites-vous que vous êtes juste humain. L’essentiel est de remonter en selle, de s’y remettre, de recommencer à avancer.

Quant à mes produits achetés en mode « ‘dédoublement », mes filles sont contentes des les utiliser…

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