Adventices

Changer de point de vue sur les pissenlits et autres herbes… Les enlever manuellement… ou les laisser tranquilles!

Entretien du jardin

Nouveau pseudo-confinement, cette fois, nous sommes venus nous réfugier dans notre maison près de Rennes. Moins de bruit de circulation, pas de voisins au-dessus de la tête, un jardin, des grands espaces naturels dans le rayon des 10 km autorisés…

J’ai retrouvé avec un bonheur incommensurable la tondeuse à gazon, et les outils de jardinage. Mon engouement ne durera pas très longtemps : le côté répétitif obligatoire de la tâche va vite me saouler. Mais pour l’instant, je savoure!

Je mesure aussi au bout de 18 mois d’entretien minimal à quel point les mauvaises herbes, que dis-je, les adventices, s’en sont donné à coeur joie. Les rosettes de pissenlit et de boutons d’or constellent la pelouse. Bref, chantier, j’ai sorti couteau, outils, seaux pour la déchetterie, et surtout huile de coude!!

J’avoue, j’ai péché, j’ai utilisé des pesticides…

Il fut un temps (que les moins de vingt ans…), quelque part entre 2012 et 2015, une saison ou deux, où j’aurais dégainé mon pulvérisateur et un produit infâme acheté limite sous le manteau avec un crâne barré jaune ou rouge dessus. Et j’aurais sulfaté l’ensemble des surfaces en retenant ma respiration, afin de faire dépérir bugle rampant, pissenlits et autres trèfles.

A cette époque, j’ai vécu un épisode de dédoublement. Entre mon envie d’admirer dans le jardin une belle pelouse bien verte, bien lisse, bien anglaise d’une part. Et d’autre part ma formation en environnement, ma sensibilité écologique, et mon job, où je retournais déjà surement vers l’eau. Tout m’était bon dans ce cas pour justifier un mode opératoire injustifiable, interdit d’ailleurs par la loi Labbé depuis 2019 : le manque de temps, l’invasion incroyable de ma pelouse par les mauvaises herbes, la mauvaise foi…!!

Alors, sans vouloir excuser à tout prix mon comportement, les paradoxes et les contradictions sont parfaitement humains. Nous avons tous en tête des exemples (il suffit souvent de se regarder dans une glace…).

Incohérence pulvérisée…

L’électrochoc est venu d’un collègue de la direction des Jardins, très sympathique. À la fin d’une réunion, il m’a dit d’un ton tout affligé : « On m’a dit que toi, tu utilises des produits nocifs dans ton jardin… Pas toi quand même? Tu connais les dégâts, tu sais qu’il ne faut pas faire ça… » . Après m’être surprise qu’il en soit au courant (les miracles de Radio-Moquette au bureau…), j’ai pris, toute honteuse, la mesure de mon désalignement sur le sujet. J’ai fait un tour à la déchetterie pour éliminer les produits polluants. J’ai acheté des outils manuels, du paillage, accepté que la pelouse soit… comme elle est, appris le mulch et la tonte haute. Dans mon jardin au moins, je me suis réalignée sur mes valeurs environnementales.

Tri dans les priorités : apparence immédiate ou environnement long terme…

C’est un exemple d’une incohérence énorme que j’ai vécue, et il m’en reste encore bien sur, sur d’autres sujets… Sortir de cette incohérence m’a demandé de faire le tri dans mes priorités et mes valeurs. Pelouse bien lisse ou bien protection de l’eau, de ma santé, de celle de mes enfants? Intérêt personnel visuel immédiat ou intérêt plus général?

Tout ça pour dire que, savoir quelque chose d’une part, et vivre en cohérence avec ce que l’on sait d’autre part, selon le contexte, ça peut parfois ne pas être évident. Ca nous sort de la facilité, de notre zone de confort, de nos habitudes. Ça appuie sur nos zones de flou, c’est assez désagréable au départ…

Voilà, toute ressemblance entre cette situation personnelle caricaturale (je sais une chose, j’agis le contraire…), et la situation mondiale actuelle (réchauffement climatique, pollution, ressources, biodiversité d’un côté et action largement insuffisante voire inaction de l’autre…) serait fortuite… Action!!