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Démarche et objectif, efforts et résultats…

02/06/2022 | Progression, Questions, émotions

Tout est parti d’un extrait de conversation. Qui m’a turlupiné. Chemin et destination, démarche et objectif, efforts et résultats, apprentissage et performance. Accomplir ce qui est facile pour nous… Réflexions croisées, sur une playlist originale : Cabrel, Gold, Orelsan et Guns’N Roses. Bonne lecture!

S’inscrire dans une démarche verte ou écolo

Cercle familial en mouvement

Comme je vous l’ai déjà dit, je suis consciente, de façon assez aiguë, que nous avons encore un long chemin avant d’avoir une empreinte environnementale et carbone tenable sur le long terme pour notre planète. Actuellement, j’estime que nous sommes dans une démarche, alors appelez-là comme vous voulez, « verte », « environnementale », « écolo »… C’est-à-dire que nous avons effectué, effectuons et effectuerons (oui, Cabrel m’inspire ce matin) des changements dans notre vie, plus ou moins avancés selon les domaines.

Par exemple, on a une empreinte plutôt acceptable sur l’alimentation ou sur nos quantités de déchets. Nous avons fortement réduit notre consommation de produits manufacturés neufs. Et nous sommes très mauvais sur les transports, sur notre consommation d’énergie et d’outils électroniques, et sur nos modes de vacances.

La liberté et le choix, le contrôle et la maîtrise…

Nous choisissons volontairement d’être dans cette démarche et de modifier nos habitudes. Cette notion d’avoir « choisi » ce que nous changeons nous tient, sans doute inconsciemment, à coeur… Avoir la liberté de choisir nos changements aujourd’hui, plutôt que de les subir, imposés, demain (voire cet après-midi…) compte tenu de l’urgence climatique, environnementale…

Nous choisissons nos restrictions. Car oui, certaines habitudes vertes peuvent être vécues, au moins au départ, comme des restrictions, comme par exemple, manger beaucoup moins de viande. Nous choisissons nos dépenses. Acheter bio coûte plus cher au premier abord. Et c’est aussi uniquement sur ce critère de liberté et de choix, que nous n’avons pas encore « attaqué » le chantier de nos modes de vacances… enfin, si, car la culpabilité pointe le bout de son museau quand même…

Par ailleurs, derrière la liberté et le choix, se cachent également le contrôle et la maîtrise. La situation m’effraye totalement, je vous en ai déjà fait part. N’ayant absolument pas une âme d’activiste ni de politicienne, me concentrer sur ce que je peux faire à mon niveau m’aide à avoir l’impression que j’ai une part de contrôle sur l’avenir. Que si nous parvenons à être exemplaires un jour, au bout de notre démarche, nous parmi de multiples autres citoyens exemplaires, alors la Planète se portera mieux…

Car soyons honnêtes : liberté, choix, contrôle… Nous ne contrôlons plus grand-chose : trois ans nous a dit le GIEC, trois ans pour éviter le pire, seulement… Et nous n’avons pas vraiment le choix, ni la liberté : il FAUT changer, il faut bouger. Et les réglementations, voire les cas de force majeure, vont nous y obliger. Mais laissez-nous rêver (chantait GOLD dans les années 80, je suis d’humeur musicale aujourd’hui), qu’en agissant vert à notre échelle individuelle, nous pouvons impulser un virage vert…

Famy Vert Mousse

Nous sommes effectivement dans une démarche familiale. Et mon blog le raconte et me permet de vous partager mes questionnements, mes inquiétudes, nos réussites, nos échecs… Si je le fais, c’est bien sûr parce que j’aime ça, partager, raconter, faire rire parfois, m’indigner, interroger, sous forme d’écrit (et de mes photos de végétal). Mais aussi parce que je suis convaincue que ça peut avoir un impact sur vous qui me lisez : vous rassurer dans vos questionnements, ou sur le point où vous en êtes (ouah, je suis vachement plus impliqué.e), vous motiver peut-être, vous donner des idées, vous faire réfléchir, vous indigner parce que « vraiment, c’est que de la connerie!! », que sais-je…

Je me sens suffisamment « légitime » dans ma démarche pour en faire quelque chose de public. Ce faisant, je m’expose, je nous expose. Et ce n’est donc pas seulement une démarche personnelle et individuelle. Les deux se nourrissent très clairement : mes questionnements ou ce que nous accomplissons en famille alimentent ce blog. Réciproquement, le fait d’avoir ce blog me pousse dans mes retranchements, me motive pour en faire plus, pour tester des choses.

Le tout, à un tournant décisif où les articles, les injonctions, les conseils, les recommandations sur un mode de vie « plus vert » se multiplient, à grands coups de conseils, de façons de faire. Et où je souhaite inscrire ma patte en mode « ressenti », que tout cela m’inspire..

Car ce serait évidemment facile si l’humain était rationnel : y’aurait des experts qui produiraient des rapports qui disent « la planète, son climat, sa biodiversité sont en danger, il faut freiner » (ah, on l’a cette partie-là???). Et hop, les humains feraient ce qu’il faut pour adapter leur mode de vie. Car ils ont l’intelligence et la connaissance, ils ont le savoir-faire et la technique et ils ont le pouvoir (si, si). Ah, et vous me dites que sur cette dernière partie, ça ne marche pas? Comment ça, y’a le plaisir, le « tout pour ma gueule », la soif d’argent et de pouvoir, l’irrationnel total, l’incohérence, des « faites ce que je dis, pas ce que je fais »… je ne comprends pas???

Florilège d’attendus et projections vertes des « autres »

Etant dans cette démarche environnementale, et à partir du moment où je la partage assez largement, je reçois des étiquettes, des remarques…

« tu dois savoir ça, toi », en parlant de sujets environnementaux… Ben non, pas forcément, je ne sais pas tout, je n’ai absolument pas envie de tout savoir, j’angoisse déjà assez comme ça,

« ouh là, fais attention, cache les déchets, Madame écolo est là »… Euh, je ne juge pas vos déchets, je peux éventuellement constater, mais je ne suis personne pour juger… Chacun fait ce qu’il peut, là où il en est. Je peux éventuellement, si vous en avez envie et au cas où ça vous donnerait des idées, partager le peu que je sais. Ou vous raconter comment, sur ce sujet-là effectivement, nous avons bien réduit nos déchets. C’est bien tout ce que je peux faire…

« euh, j’ai fait de la viande à manger, ça va aller? ». Aucun souci. Nous n’en mangeons vraiment plus beaucoup, mais nous ne souhaitons pas imposer nos choix à l’extérieur. SAUF pour les défis Ma Petite Planète, quand il s’agit de gagner des points, là, c’est sérieux!!

« Ben, tu dis que t’es écolo, et tu continues de prendre l’avion ». Celle-là fait mal, car elle vient titiller ma culpabilité et mes envies de cohérence… J’ai parfaitement conscience que nous avons des progrès à faire là-dessus. Nous y réfléchissons. Le renoncement à ce luxe et à cette ouverture physique sur le monde est extrêmement difficile pour nous, surtout pour des destinations qu’il est « impossible » d’atteindre raisonnablement autrement… Et c’est la meilleure preuve pour l’instant que mon souhait n’est à aucun moment de me poser en modèle justement. Simplement de raconter notre cheminement et notre démarche. D’ici quelques temps, je pourrai peut-être raconter comment nous avons réussi à renoncer à l’avion…?

Quelles qu’elles soient, ces étiquettes ou remarques appartiennent à celles ou ceux qui les formulent… et ne me concernent finalement pas.

Les vertus de l’effort et la nécessité de l’apprentissage

Enfin, c’est ce que je dis… que ces remarques ne me concernent pas. Car il y a peu, je n’ai pas su comment « recevoir » ceci…

Cas concret récent

Une personne : – Tu te rappelles Nathalie et Jules?

Moi : – Oui, très bien.

La personne : – Eh ben eux, ils sont VRAIMENT (emphase sur le « vraiment ») dans une démarche environnementale. Ils ne prennent plus l’avion, ils roulent en vélo en local, ils mangent bio, végétarien, et tout ça.

Moi : -…

Confondre le chemin et l’arrivée, la démarche et l’objectif?

Je n’ai pas su quoi faire de ce « vraiment » emphatique… Dois-je interpréter que nous, Famy Vert Mousse, ne sommes pas « vraiment » dans une démarche environnementale, parce qu’on prend encore l’avion ou qu’on ne fait pas de vélo? Sachant que ce n’est pas la première fois que le sujet de l’avion revient dans les échanges avec cette personne, grande voyageuse. Il y a un « noeud » sur l’avion…

Pour cette personne, « être dans une démarche environnementale », est-ce déjà être arrivé au bout de la dite démarche, et être parfaitement écolo?

Premier point : cette personne confond le chemin et l’objectif, et cela ne regarde qu’elle. Et je ne peux que lui conseiller d’écouter Orelsan (décidément, inspiration en musique pour cet article!) : « Ce qui compte, c’est pas l’arrivée, c’est la quête ».

Mais… car bien sur, il y a un « mais », ça a continué de me turlupiner. Ce court échange est venu titiller ma conviction d’être dans une démarche environnementale et mon impression de « faire des efforts » vers une vie plus verte.

Valoriser les efforts… vraiment?

Est-ce qu’une démarche n’est valable que quand elle est aboutie? Ce serait donc n’accorder aucune valeur à tous les efforts, tous les apprentissages, tous les échecs, tous les essais? Autant dire que c’est n’accorder aucune valeur à une majeure partie du temps de notre existence… et c’est nier le sens propre du mot démarche, qui implique un mouvement?

Les paradoxes de notre système sur le couple efforts-résultats

Et bien sûr, notre société pousse à valoriser les résultats, davantage que les efforts et le travail. Sachant que efforts et travail sont parfois décorrélés du temps qu’on y passe…

D’un côté, il est de bon ton, par exemple pour un étudiant, de masteriser un devoir, sans avoir rien foutu… Ou de mener une présentation « au talent »! Il ne faut surtout pas avouer qu’on a travaillé plusieurs heures, si on veut paraître cool. Il y a un côté gentillet acharné à faire des efforts, ça manque de panache. Dans Harry Potter, les « Hufflepuff », les travailleurs, sont assez invisibles quand même, seuls comptent les courageux Gryffindor, les intelligents Ravenclaw ou les roublards Slytherin!

Inversement, pour une vie professionnelle accomplie, le discours valorisant et couramment admis est d’être débordé, d’avoir la tête sous l’eau et de crouler sous les commandes, les dossiers et les réunions. Il faut être pressé, il faut être efficace, il faut rentabiliser.

Paradoxe de notre société qui valorise par sa sélection et ses notations les étudiants paresseux, flemmards et roublards, et qui ensuite en fait des professionnels sujets au burn-out… Evidemment, je caricature un peu.

Et les efforts absurdes?

Revenons à nos efforts : l’acharnement à tout prix sans regard objectif sur les chances d’aboutir est absurde. S’obstiner à visser avec un marteau, ce sont des efforts démesurés, un temps infini, absolument gâchés! Et je suis bien d’accord que rien n’est plus frustrant que de faire des efforts, dans quelque domaine que ce soit, et de ne pas avoir de résultats.

Alors les efforts et le travail doivent être valorisés en eux-mêmes, indépendamment des résultats, sinon… Sinon quoi? Sinon on obtient des générations dont la ténacité n’est plus très forte, dont le sens de l’effort est limité, des générations du « tout, tout de suite ». Eh, vous êtes d’accord que quand je dis ça, ça fait vieille rombière hein!! Ça fait « De notre temps, c’était pas comme ça »!

Donc valoriser les efforts qui ont un objectif clair et utile?

Mais, à la base, pourquoi a-t-on des situations où des personnes s’obstinent dans des efforts qui sont inefficaces? Des jeunes qui s’acharnent à apprendre des listes de verbes irréguliers en anglais alors que leur force est dans la conception et réalisation d’objets en bois? On ne devrait pas se poser la question de valoriser ou non des efforts dirigés vers un objectif qui n’a de sens ni pour la société ni pour la personne, car ces efforts ne devraient pas exister… En tout cas, pas dans mon idée. Et ce ne sont pas les personnes qui font ces efforts qu’il faut changer, c’est le système. En entier (ce ne sont que mes idées, je vous l’ai dit, je ne suis pas activiste du tout).

Et donc ne valoriser que les efforts qui ont un sens pour la société et pour l’individu… Donc je suis heureuse d’être dans une démarche verte, pas encore aboutie, de faire des efforts à mon niveau, car cela a un sens pour moi, et nous contribuons à réduire notre empreinte au niveau de la société et de la planète. Et bien sur que le chemin est encore long, même s’il est urgent…

Donc, valorisons, encourageons les efforts!! De chacun, à partir de là où il en est, individuellement. Et distinguons les efforts des résultats! Exigeons les mêmes efforts de personnes qui n’ont jamais mangé de viande et de quelqu’un qui en mange matin, midi et soir! Exigeons les mêmes efforts, mais pas les mêmes résultats! Tout lien avec notre système scolaire actuel serait fortuit… Genre le système qui voudrait que tout le monde soit formaté sur le même schéma intellectuel Maths-Français-Anglais, quand ce ne sont les forces que d’une minorité?

Et conclure que si c’est facile, ça ne vaut rien?

Efforts… Et du coup, quand ça ne demande pas d’efforts? Est-ce qu’on le valorise?

On peut me dire « C’est facile pour toi d’acheter bio, et de renoncer à quelques conforts que tu avais, tu as les moyens, tu ne t’inquiètes pas pour ton avenir, tu prêches du haut de ta situation ». Ok, admettons que j’aie les moyens, comme on dit. Du coup, mes résultats vers une vie plus verte n’ont pas de valeur? Je ne peux pas être reconnue dans ma progression parce que certaines choses sont « faciles » pour moi?

Et du coup, on pourrait aller jusqu’à dire que ça m’exclut de fait des personnes qui doivent agir? Je dois continuer à faire comme « avant », à prendre l’avion, à bouffer de la viande, à faire tourner les enseignes de fast-fashion et à chauffer ma maison à 25 degrés toutes fenêtres ouvertes parce que je pourrais en payer la facture (euh, cet « avant » n’a jamais existé en fait…)? Parce que c’est facile pour moi, je ne dois rien faire, et surtout me taire??? Ok, let’s go, live and let die!!! (tiens, voilà les Guns ‘N Roses!)

Mais au contraire! Si certaines choses sont faciles pour vous, aucune excuse de ne pas le faire! Commencez par ce qui est facile, et vous aurez du mérite à le faire! Pourquoi n’y aurait-il de mérite à se préoccuper de la planète que si c’est difficile pour nous? Merci l’éducation à la française et le « seul ce qui a demandé un effort est valable ».

Reconnaissons nos vraies forces, nos facilités, nos moteurs « faciles » : si vous aimez jardiner, cultivez vos fruits et légumes. Si vous aimez le vélo, délaissez votre voiture. Ça ne vous demande pas d’efforts? Tant mieux, faites-le!!

D’une démarche verte à la connaissance de soi…

Et c’est là où je réalise que le court échange cité ci-avant a appuyé sur un « bouton » chez moi : dans l’esprit de la personne avec qui je parlais, l’écologie est fortement liée aux déplacements, qui est notre gros point faible. Donc au-delà du fait que cette personne confond démarche et arrivée, et qu’elle a appuyé sur le sujet où notre chemin est encore très long, j’ai surtout entendu le silence autour de ce que nous avons déjà accompli, en particulier sur les déchets ou sur notre alimentation.

Et son absence de valorisation et de reconnaissance de tout ça, du chemin parcouru, de mon initiative bloguesque. Et ça oui, ça me regarde et ça me touche, car ça vient chercher beaucoup plus loin, mon envie et mon besoin que cette personne-là précisément reconnaisse notre démarche, mon blog, et plus largement ma valeur… « Allo, Madame ma psy, ça serait pour prendre un rendez-vous, j’ai besoin de creuser un petit sujet? »

Quand l’écologie et l’avion amènent à la connaissance de soi…

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