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Des chiffres vert-tigineux…

10/06/2022 | Chiffres et faits, Progression

Au fil des éditions du jeu « Ma petite Planète », j’ai côtoyé des sources d’information, des articles, des infographies… J’ai fini par intégrer quelques chiffres globalement admis. Je vous en redonne quelques-uns, pour rappeler pourquoi il faut agir… On peut pinailler sur les pourcentages ou l’ordre de citation. Cependant, les ordres de grandeur y sont! Et c’est effrayant.

Les secteurs industriels les plus polluants

Les industries les plus polluantes à l’échelle de la planète sont (je n’ai pas le quinté gagnant, on peut changer l’ordre sans doute) :

  • la production d’électricité et d’énergie
  • l’industrie pétrolière
  • les transports
  • l’industrie de la mode
  • l’agriculture et l’élevage intensifs (13 à 18% des GES liés aux bovins et au brûlage)
  • le numéro bonus : l’industrie du plastique et ses utilisateurs

Il est toujours possible de fustiger les industriels, de dire « je ne ferai rien, ce sont eux les principaux pollueurs… ». A mon sens, nous sommes collectivement les utilisateurs finaux de toutes ces industries. Nous dépendons d’elles, nous sommes ces industries, en y travaillant, en nous y fournissant, directement ou non. Pour faire court, difficile et irresponsable de se dédouaner en disant « ce sont les autres »…

Extinction de la biodiversité

L’homme a fait disparaître 83% des mammifères sauvages (en biomasse) et 50% de la biomasse végétale. Des chercheurs se sont amusés à calculer (résultat pas très amusant…) que les trois quarts des plantes, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères ont disparu de la surface de la Terre depuis l’an 1500, pour deux raisons: la surexploitation de certaines espèces et l’agriculture.

Plus récemment (et encore plus effrayant…), la terre a vu disparaître 60% de ses espèces vertébrées depuis 1970. En Allemagne, une étude a montré que les populations d’insectes ont diminué de 75% en 30 ans. C’est un phénomène qui a démarré bien avant le réchauffement climatique, et qui est accéléré par ce dernier. L’érosion de la biodiversité est avant tout provoquée par la disparition des habitats naturels, l’artificialisation des sols, que ce soit pour les constructions, l’agriculture, etc. Ces activités humaines provoquent des pollutions et des modifications (espèces invasives) qui contribuent encore à cette érosion.

L’extinction que connaît actuellement la biodiversité, uniquement provoquée par nous, humains, est régulièrement comparée aux grandes crises qu’a connues la planète au cours de ses 4,5 milliards d’années d’existence et des 500 millions d’années de développement de la biodiversité. La dernière en date étant la fameuse et caricaturale « disparition des dinosaures », crise qui a en fait tué les trois quarts des espèces terrestres de l’époque (et pas seulement les dinosaures).

L’industrie de l’élevage

Terres agricoles

A l’échelle mondiale, environ deux tiers des terres agricoles sont consacrées à l’élevage. Soit directement en pâturages (pour moitié des terres consacrées à l’élevage en ce qui concerne l’Europe), soit pour des cultures destinées à l’alimentation animale. En Europe, plus de 60% des terres arables (donc terres agricoles en dehors des prairies et des cultures permanentes (vergers, etc)) sont consacrées à des cultures pour l’élevage.

https://www.greenpeace.fr/espace-presse/de-terres-agricoles-destinees-a-lelevage-europe/

Les prairies ont un intérêt écologique, pour les sols, en termes de biodiversité, ou tout simplement parce que ce sont des terres qui ne pourraient pas être cultivées autrement (ce sont parfois des zones humides). Le tout à condition de ne pas être surpâturées!

Rappelons que la nourriture du bétail européen « classique » s’appuie massivement sur du soja importé, qui contribue massivement à la déforestation des zones équatoriales et tropicales… Donc bœuf français, peut-être, mais bœuf français souvent nourri au soja issu de la déforestation en Amazonie…

Biomasse

Parmi les animaux, un résultat notable est la biomasse de l’espèce humaine, donc une seule espèce, dix fois supérieure à celle de l’ensemble des mammifères sauvages, qui comporte 5500 espèces!

L’impact de l’homme sur la biomasse se voit également par l’ampleur des espèces domestiquées. Les bovins, ovins et porcins représentent une biomasse 14 fois plus importante que celle des mammifères sauvages. Les oiseaux d’élevage représentent une biomasse presque 3 fois plus importante que les oiseaux sauvages.

Pris autrement, les mammifères sauvages représentent seulement 4% des mammifères. Les 96% restant sont les animaux d’élevage (bovins, ovins, porcins…), et nous, humains! Pour la biomasse des oiseaux, les sauvages n’en représentent qu’environ 30%.

Le bilan carbone d’un français moyen

En moyenne, la production de CO2 d’un français moyen (mais qui est donc cette personne?) est de 9,9 t CO2/an (donnée de janvier 2022). L’objectif annuel pour une neutralité carbone est autour de 2t / an et par personne. La pollution carbone provient par ordre décroissant des secteurs « Je me déplace », « Je mange », « Je me loge », « J’achète », et en dernier « dépense publique ». En zoomant sur le graphique, les gestes les plus impactants sont, dans l’ordre décroissant :

  • l’utilisation de la voiture
  • la consommation de viande. Sachant que par ailleurs, 60% de l’empreinte alimentaire est liée à la consommation de produits animaux (viande, poisson, produits laitiers).
  • le chauffage et la consommation d’énergie de son logement
  • la consommation de produits manufacturés, pour la maison, l’électronique et l’habillement.

https://www.carbone4.com/myco2-empreinte-moyenne-evolution-methodo

Ok, c’est la cata, et on fait quoi?

Je vous avais évoqué les gestes prioritaires à mon sens (et au sens général compte tenu des rappels ci-dessus…!)

Une question récurrente qui me vient dans ces réflexions, c’est aussi « Comment a-t-on pu en arriver là? ». A cet égard, je ne peux que vous recommander la lecture de l’excellent « Sapiens, une brève histoire de l’humanité », de Yuval Noah Harari. Nous l’avons lu dans sa version BD, très accessible, pédagogique, et extrêmement éclairante sur notre si courte et si longue histoire. Et bien sûr, ça éclaire, ça explique… Ça n’excuse pas, et ça ne donne pas de raison de ne rien faire!

Sobriété…

Même s’il est indispensable de ne négliger aucun micro-geste, car c’est ce qui nous permet de tisser le fil du quotidien, d’ancrer de bonnes habitudes, les enjeux sont tels qu’on ne s’en sortira pas sans un changement massif de mode de vie…

Et ce n’est pas le tout que d’inventer des solutions technologiques incroyables! L’avenir passe forcément, à un moment, par la sobriété, choisie ou forcée… Et je ne parle malheureusement pas de rester raisonnable à l’apéro (même si on va maintenir l’apéro hein, y’a des intangibles quand même!). Je parle de moins se déplacer, de consommer moins de produits animaux (y compris laitiers…), de consommer moins d’énergie, de consommer moins de produits manufacturés.

Changements…

Si les consommateurs changent, massivement, le commerce et l’industrie seront obligés de suivre le mouvement. Pris dans l’étau des réglementations et de la réalité du marché, soit ils disparaissent, soit ils se transforment. Bien sur, ça ne va pas sans dégâts. Mais peut-on vraiment éviter les dégâts économiques actuellement?

Vous avez lu le rapport du GIEC III? Ou plus simplement, vous avez sans doute vu cette jeune fille qui s’est attachée au filet de Roland Garros pour alerter sur les trois années que nous donne le GIEC III pour changer radicalement de braquet sur les émissions carbone… Et ça, c’est pour en rester au scénario « le moins pire » du réchauffement climatique. C’est-à-dire qu’on ne peut plus éviter le réchauffement climatique : en agissant drastiquement, on peut juste le « limiter ».

Les changements se font aussi malgré nous. Un ami, qui travaille dans une usine, évoquait l’autre jour le prix multiplié par six du gaz, depuis février, et la facture d’énergie de l’usine multipliée par trois en quelques mois. Nous, particuliers, sommes pour l’instant et en grande partie protégés de cette réalité. Même si les prix de l’énergie ont augmenté, ils n’ont pas du tout augmenté dans le ratio « réel ».

Etant en poste pour agir sur cette consommation d’énergie, son premier réflexe a été la sobriété pour l’usine. Très rapidement, en optimisant, en étudiant les flux de données (monitoring des installations, traitement de données, et sans doute un peu d’IA derrière), ils ont réduit la consommation d’énergie de l’usine de 7%. C’est énorme à l’échelle d’un gros consommateur!

Le porte-monnaie des gros consommateurs…

Dans une optique globale (industriels et particuliers) de sobriété, cet ami prône les tarifs progressifs : plus on consomme d’énergie, plus on paye. En instaurant une base réglementée pour une justice sociale, et des tarifs progressifs assez violents dans les tranches au-delà, la sobriété énergétique trouverait bizarrement et rapidement un écho!!

C’est ce qui a été mis en place au niveau de la consommation d’eau potable sur la région de Rennes. C’est une tarification progressive, qui incite aux économies, tout en étant juste socialement (chèque eau pour les plus démunis).

Inclure le coût environnemental des achats?

Et c’est une des voies majeures pour inciter au changement, malheureusement. Payer le vrai prix des choses, incluant la réparation environnementale (si tant est que ce soit possible) des achats :

  • le vrai prix d’un vol en avion quand on a compté les dégâts et la compensation carbone? Ben d’un seul coup, il y aurait moins de vacances éclair…
  • combien le kg de boeuf en incluant la déforestation liée au soja qu’a mangé la bestiole pendant sa courte vie? Ben d’un seul coup, il y aurait moins de vaches d’élevage, moins de gaz, davantage de terres pour des cultures directement destinées à l’alimentation…
  • le vrai prix d’un t-shirt en coton incluant des emplois d’adultes et la scolarisation nécessaire des enfants qui travaillaient jusque là sur les plantations de coton et la fabrication… ben d’un seul coup, la fast fashion prendrait du plomb dans l’aile…

Bien sur, c’est une vision très simpliste des choses. Et quand on en arrive au « vrai » prix des différents postes de la vie quotidienne, se pose inévitablement la question de justice sociale… Donc inévitablement de modèle social, de choix de système, et donc de politique. Et là, je sors de mes compétences, je vous laisse donc infuser tout cela. Bon weekend!

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2 Commentaires

  1. J’aime beaucoup ton blog et comme toi je pense que la sobriété est le mot et l idée à retenir pour notre avenir.
    En quelques décennies on a trop trop consommé et on nous a fait croire que c’était du bonheur en plus , nos parents voulaient nous rendre heureux ils ont plongé dans la consommation. !!!

    Réponse
    • Bonjour Gisèle, merci pour ton retour! 🙂 Effectivement, nous n’aurons pas d’autre choix, (et si ce n’est pas notre choix, ça deviendra une obligation) que de revenir vers davantage de sobriété, énergétique, de consommation de biens, de déplacements. On s’y essaie en famille, point après point, lentement. Facilement pour certaines choses, si difficilement pour d’autres (avec du coup, la pointe ou la poutre de culpabilité qui va avec…). C’est ce que j’essaie de raconter dans mon blog, et je suis heureuse que cela te plaise. Au plaisir d’échanger à nouveau!

      Réponse

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