Sélectionner une page

Chocolat « bion » vs chocolat « deguindustriel »

16/04/2021 | Alimentation, Au quotidien

Analyses multi-critères et compromis quotidiens, incluant le bon, le bio et le temps… Exemple brûlant des tablettes de chocolat.

Petit édito : j’adore certains chocolats « deguindustriels » et je n’ai rien contre les personnes qui en achètent et consomment 🙂 . Et seule dans ma famille à aimer le chocolat 85% (l’équilibre idéal pour mon goût), j’ai mis énormément de temps à trouver un chocolat bio ET doux et fondant, sans être acide… J’ai beaucoup testé, je n’ai pas trouvé tout de suite et je suis donc longtemps restée en 85% non bio! Pour les autres membres de la famille, nous trouvons du chocolat « bion »!

Le pitch de départ : le tiroir à chocolat

J’ouvre le tiroir où sont rangées les tablettes de chocolat. Au milieu des douze tablettes de chocolat au lait (c’est pas moi! je range soigneusement mon chocolat noir 85%… je vous passe ma réaction agacée devant l’état du tiroir) entamées vomissant leurs miettes et leurs carreaux cassés, je découvre une magnifique tablette de 200g d’une marque méga-industrielle, qui détonne au milieu des tablettes fair – équitable – bio du tiroir.

Les réactions possibles face à la tablette « intruse »

La chiffrée, introvertie

Je me dis mentalement : « tiens, 85% du contenu du tiroir est fair-trade et bio, et il y a 15% qui est purement industriel. Plutôt pas mal comme ratio si l’on considère que 3,8% des surfaces mondiales de cacaoyer sont en bio ». Et le constat en reste là, pas de discussion ou de remarque. Grand gagnant : l’industrie, car effectivement, ce chocolat est gourmand, plaît au goût, et pourrait revenir dans le tiroir lors des prochaines courses si rien n’est dit.
https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2020/02/Carnet_MONDE_2019-1.pdf

La relativiste, voire l’optimiste

« Oh merci mon chéri d’être allé faire les courses. Et c’est bien ce chocolat, ça nous fait le redécouvrir, ça me rappelle mes années étudiantes. Et puis t’as raison, en fait il est très bon, on va même se mettre à en racheter dis-donc! ». Grand perdant : mes valeurs.

La pro de l’égalité hommes-femmes au sein des familles

«  Bon l’important, c’est que tu fasses les courses ».

L’intégriste bio

Je monte au créneau immédiatement, version agressive : «  C’est qui le c… qui a acheté ce put… de chocolat de m…? » . Question rhétorique : il n’y a qu’une personne autre que moi à faire les courses, et c’est mon Homme. Oui, les enfants ne se bousculent pas pour aller faire les courses, même s’ils rendent service souvent, en allant chercher en urgence un produit qui manque, ou s’ils nous accompagnent parfois, de gré ou de force… Sachant qu’on évite la force, pas envie de traîner un ado ronchon et réticent qui le fait savoir haut et fort, et au final, n’est d’aucune aide, voire ralentit le convoi.

Suite à mon interjection, réaction offensée du dit c… : « Eh, j’ai fait les courses, j’étais ultra short sur ma session (de courses). J’ai pris le premier que j’ai vu, en promo, et voilà. Puis en plus, il est plutôt bon ce chocolat, moi j’aime bien ». Là, vous imaginez bien : débat et dispute passionnés sur le chocolat fair trade, le bio, l’industrie agro-alimentaire. « Non vraiment, y’a plus moyen qu’on achète ce genre de saloperie. Bien sur que t’étais serré sur le timing. M’enfin quand même, c’est pas très compliqué de prendre exactement la même chose que d’habitude, voire ça devrait être la base »

Bla, bla, bla, je refuse d’admettre qu’il ait volontairement acheté une telle cochonnerie. Il se défend sur le fait qu’en attendant, les courses sont faites. Nous ne sommes pas d’accord. Et comme c’est important pour moi, et qu’il ne fait visiblement pas les courses en intégrant autant que je le voudrais le facteur bio – vert – environnement, je reprends le contrôle total sur l’approvisionnement de nos placards, et me cogne toutes les sessions de ravitaillement. Grand gagnant : la biocoop, perdant : mon couple, moi, l’égalité des tâches, etc.

La communicante non violente

Je déroule les étapes : « Mon chéri, je constate que tu as acheté un produit industriel plutôt rare chez nous. Merci beaucoup d’être allé faire les courses comme souvent. Je suis surprise par ce produit, et je te redis à quel point c’est important pour moi que nous fassions attention à notre consommation globale et encore plus quotidienne. Acceptes-tu de faire un choix différent, c’est-à-dire bio, la prochaine fois? ». Les pros de la CNV, je vous laisse corriger ma tirade, je ne suis pas experte… Et concrètement, nous n’avons jamais pris le temps de travailler la CNV. Nous ne sommes pas des modèles en termes de communication / écoute… Donc ça serait peut-être l’idéal, je le note dans ma to-do list pré-mortem (déjà longue). Pour l’instant, je suis sur d’autres priorités. Normalement, dans cette version, tout le monde est gagnant non?

La vraie vie chez nous : notre discussion post-découverte de la tablette de chocolat déguindustrielle

Toutes les versions ci-dessus sont imaginaires. La vraie version, c’est qu’en fait, notre cadette était là, et la discussion s’est orientée sur nos façons respectives de faire les courses.

Mon homme et moi ne faisons pas courses avec les mêmes critères!

Elle a confirmé que l’achat d’une telle tablette était impossible de ma part. Que j’épluche les prix et la composition des produits (j’ai déjà évoqué ma tendance étiquette-reader…), et que je « balaie » les rayons du magasin en même temps que ma liste, établie à l’avance et de façon au maximum exhaustive, pour optimiser mon temps de présence et mon efficacité dans le magasin.

Alors que lorsqu’elle fait les courses avec mon homme, elle l’attend parce qu’il est retourné à l’autre bout du magasin prendre un truc insolite qui n’était pas sur la liste mais auquel son esprit tournicotant vient de penser (l’épluche-légumes qui nous manquait). Il se laisse tenter par des « cochonneries », biscuits apéro, charcuterie… Il achète plus facilement que moi des trucs déjà pré-emballés (blancs de poireaux) et malgré la liste, il n’est pas rare qu’il oublie de prendre un truc qui était pourtant noté. Eventuellement, lors d’une promo sur un produit qui lui plaît ou lui semble indispensable, il est susceptible d’acheter en TGQ, c’est-à-dire Très Grosse Quantité. Cette dernière tendance ayant mené entre autres à une transition longue de 18 mois vers le savon solide, vu les stocks de produits douches…

Le bio – écolo etc. est un critère supplémentaire, pas LE critère

Et ce que cette discussion, fort drôle au demeurant, m’a confirmé, au-delà du fait que les valeurs bio, etc autour de la consommation sont principalement les miennes, et que j’ai beaucoup de chance que mon homme trouve très normal de faire les courses (et pleins d’autres choses), c’est que lui et moi ne réfléchissons pas de la même manière et n’exploitons pas les mêmes ressources, même pour quelque chose d’aussi évident à priori que « faire les courses ».

Et qu’au final, un mode de vie qui veut devenir plus vert, même avec des gens motivés, consiste à ajouter le critère « bio – vert – respectueux de l’environnement » à la longue liste qui constitue déjà l’ensemble des critères des multiples décisions de notre quotidien : le temps dont on dispose, l’égalité homme-femme, l’état de garniture du porte-monnaie et j’en passe. Tout est et reste affaire de compromis!…

PS : avant même de publier ce post, je suis allée nettoyer le tiroir, son état m’a vraiment… non, pas possible.

v

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Inscrivez vous à ma newsletter

Inscrivez vous à ma newsletter

Un récapitulatif,
une à deux fois par mois,
des articles parus?
Inscrivez-vous à ma newsletter!

Votre inscription a bien été prise en compte