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Eternité et finitude, vie et écologie.

15/10/2021 | Progression, Questions, émotions

Un post très positif et enthousiaste (hum…) sur notre temps imparti sur cette terre, et sur l’espace fini qu’est notre planète, le tout sur fond d’avenir bouché…

Deux événements récents m’ont décidée à formuler tout cela par écrit :

  • J’ai lu un ouvrage de 2019 « Les chances qu’il nous reste » de Erwann Mentheour, sur l’avenir (ou pas…) de l’humanité.
  • En début de semaine, j’étais aux obsèques d’une dame de 53 ans, emportée par un cancer. Son fils est un ami du mien.

Notre mode de vie façon « éternel », en société

J’ai l’impression qu’une grosse part de l’humanité a chopé le melon! Genre, le panthéon des dieux grecs, éternels et tout puissants… Je simplifie ci-après en « société occidentale », même si d’autres parties du monde sont aussi concernées. Et cette part d’humanité vit, s’agite, se comporte comme si chaque individu était éternel et comme si la planète était infinie…

Le livre « les chance qu’il nous reste »

L’ouvrage de Erwann Menthéour « Les chances qu’il nous reste » n’est pas inoubliable. Certains chiffres de son livre ont été démentis (la date de 2048 pour un océan vide, j’en parle dans Seaspiracy!). Et je ne suis pas d’accord sur une partie de son approche, que je résume en « l’humain était plus clairvoyant avant, la société moderne l’a abruti ». Je pense plutôt que notre société a longtemps vécu dans une crédulité religieuse et une acceptation de la fatalité divine. Puis elle a glissé vers une conviction fondamentale de la toute-puissance du progrès technologique, et vers un individualisme forcené (si je veux, je peux). Et je n’invente rien, ce sont des points de vue différents que des gens savants ont déjà avancés et avec lesquels je suis d’accord.

Mais ce livre a le mérite de se lire vite et facilement, et d’énumérer les grandes évidences urgentes de notre temps. Il pose aussi l’hypothèse fort probable que nous nous dirigeons droit vers l’apocalypse!

Il rappelle que la société occidentale exploite, fabrique, construit, produit, vend, achète et crée de la croissance financière, urbaine, démographique. L’ensemble du système est presque entièrement basé sur des énergies fossiles. Et tout cela détruit consciencieusement notre habitat, à un rythme jamais vu dans l’histoire de notre planète. Même les régions du monde où ce mode de vie ne prévaut pas sont impactées et entraînées par la globalisation du système, et aspirent à accéder à l’abondance et au confort matériels qu’il procure. Et au final, c’est toute la planète que menace ce mode de vie, qui ne concerne pourtant qu’une partie.

L’ensemble fonctionne tant bien que mal, en oubliant de lever le nez du guidon, comme si notre société et sa croissance étaient éternelles, et comme si la planète était infinie.

L’alternative

Nous n’avons pas à ce jour de solution de repli : ni de deuxième planète, ni de « deuxième vie ». Scoop, nous ne sommes pas dans un jeu video, pas de « same player, play again »…

Et pour l’anecdote sur ce temps qui passe, il y a un fait dont je ne me rappelle que lorsque je parcours les sections « univers et planètes » des musées de sciences, et qui me ramène à mon échelle de grain de poussière dans l’univers. Notre soleil lui-même est né, évolue, et mourra un jour, faisant disparaître avec lui notre planète. Bien sûr, c’est dans un temps qui n’est pas représentable pour nous, et qui pourrait presque sembler l’éternité, vu d’ici. Fin de l’anecdote.

La société occidentale est actuellement face à un choix. Bon en fait, elle l’est depuis plusieurs décennies quand on regarde la date des premières alertes…

  • mourir à très court terme si elle continue comme elle le fait depuis la découverte du moteur, de l’énergie électrique, et surtout si elle persiste dans son fonctionnement accéléré depuis la seconde guerre mondiale.
  • prendre des mesures drastiques et difficiles, pour limiter les dégâts actuels et pouvoir évoluer vers une forme plus respectueuse de la Vie. Pour reprendre des termes à la mode, « faire sa transition écologique ».

La société et ses individus

La société est d’abord et avant tout la somme de ses individus, sans qui elle n’existe pas. Bien sur que l’on rajoute des couches d’organisation, d’économie, d’institutions, de politiques, d’administration. Et une durée de vie qui glisse au-dessus de celle des individus.

Or nous avons une société (et une planète…) menacée d’écroulement total, et constituée d’individus qui ont tendance à oublier qu’ils sont mortels… Alors, arrêter d’agir comme si nous étions éternels, et comme si la planète était infinie, c’est plus facile à dire qu’à faire. Nous sommes dans les ornières de nos vies. C’est difficile de changer, ça demande de l’énergie, ça demande du temps. Temps non compatible avec l’urgence de la situation du monde…

Et bien sûr qu’il en existe déjà beaucoup, des individus et des organismes qui ont pris la mesure de la catastrophe, et s’emploient à transformer le monde. Ceux-là ne sont pas encore assez nombreux.

Car je suis convaincue que l’individu a un vrai pouvoir de faire bouger les choses. Et ce, en urgence et en temps limité. Et je pense que cela passe en partie par la prise de conscience viscérale que nous sommes de passage sur cette planète.

Alerte rouge sur l’avenir…

Le rapport individuel au temps

Une histoire de passage et de temps

J’étais tombée une fois sur un petit conte qui m’avait marquée. Je ne retrouve pas l’original et ne peux donc pas rendre à César ce qui lui appartient. Voici cette histoire avec mes mots :

Un touriste se balade en vacances quelque part sur notre planète. Il entend parler d’un sage, qui vit très simplement, un peu à l’écart de la ville, et qui aime discuter. Le touriste va le rencontrer. Il s’étonne que le sage vive dans un aussi petit logement, et avec aussi peu d’objets. Le sage lui retourne : « et toi, tu es équipé de façon bien légère aujourd’hui, tu as peu d’affaires avec toi ». Le touriste : « effectivement, mais je ne suis que de passage ici ». Le sage : « Ben moi aussi, je ne suis que de passage sur cette terre… »

Ma première réaction avait été « oui, bon, faut comparer ce qui est comparable hein. Une vie entière versus un séjour de congés, eh oh, faut pas pousser ». Sauf que…

Notre mode de vie individuel façon « éternel »

Nous oublions dans notre quotidien le fait que nous ne sommes que « de passage »… Culturellement, nous luttons pour rester jeunes. Nous nions le temps qui passe et dénigrons le vieillissement. La mort est cachée, ou bien nous la combattons, nous luttons contre elle. Parfois comme s’il était possible de ne pas mourir du tout… Notre perception de l’impermanence de la réalité n’est souvent que théorique.

Nous vivons au jour le jour comme si notre temps était infini, à courir, à nous fâcher, à travailler comme des forcenés, dans des emplois qui parfois ne nous plaisent même pas ou ne font pas sens pour nous, pour faire tourner un système qui abime notre monde. Et, d’une manière ou d’une autre, nous gaspillons notre temps de vie. Quand une idée motivante, un projet fou, ou même une chose toute simple nous traverse l’esprit, combien d’entre nous disent « plus tard… ce week-end… quand je serai en vacances… quand je serai à la retraite… quand… »? Et il arrive que ce « quand » ne vienne jamais.

Chacune et chacun d’entre nous mourra un jour. Le plus tard et en bonne santé, le mieux bien sûr. Et les circonstances de beaucoup de morts peuvent être injustes, leurs moments, prématurés.

Aller aux obsèques de quelqu’un qui était trop jeune pour partir fait toucher du doigt cette urgence de vivre maintenant, de ne pas attendre et de faire dès à présent ce qui est important pour nous. Et nous rappelle que non, nous n’avons pas l’éternité. D’un autre côté, il est bien sûr impossible de vivre chaque minute de notre vie comme si nous allions mourir demain.

Une question à se poser

Ne vous méprenez pas. Je ne prône pas le « tout pour ma gueule maintenant, je fais ce que je veux et après moi la fin du monde! ». Non, justement…

En développement personnel, j’ai régulièrement retrouvé cet exercice : « Proche de la fin de votre séjour sur terre, vous portez un regard rétrospectif sur votre vie. Que voulez-vous avoir été? Qu’est-ce que vous serez heureux d’avoir réalisé? Que ne voulez-vous surtout pas regretter? « .

Je doute qu’avoir passé des heures à regarder des videos félines sur Insta ou des choré débiles sur Tiktok fera notre fierté. Celui passé à vitupérer contre le boulot, contre le système et contre tout le monde sans bouger nos fesses du canapé non plus. Nos lâchetés, nos incohérences, nos hypocrisies ou nos compromissions encore moins…

Faire l’exercice donne le vertige, essayez, vous verrez. Il nous met face à notre finitude, qui est pourtant le contrat de départ. Nous, habitants de cette planète, humains, animaux, végétaux, avons une durée de vie limitée. Il nous met aussi face à nos priorités et à nos valeurs.

Le jour où je me retournerai sur ma vie, je souhaite entre autres, même avec mes paradoxes et mes contradictions, et à mon échelle, avoir contribué à la transformation de notre manière de vivre. Je veux pouvoir me dire « j’ai aidé à laisser une planète un peu moins dégueu aux générations futures ».

Et vous, quelle est votre perception du temps qui passe? Papier-crayon, vous avez déjà fait cet exercice?

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