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Les fringues de seconde main…

20/06/2022 | Au quotidien, Soin de soi

L’un des axes majeurs pour limiter notre empreinte écologique est de moins et mieux consommer. Et en particulier, d’acheter en seconde main, par exemple les fringues. Un sujet qui a été et reste encore délicat pour moi…

Réaction première de rejet

Je n’avais jamais fréquenté les friperies, pas même jeune. Les magasins de démarque ou les déstockages de marché, oui, mais ce sont des vêtements neufs, invendus, ou d’anciennes collections. Et mon premier mouvement, lorsque l’on m’a parlé d’acheter des fringues de seconde main, a été une réaction de rejet, voire de dégoût. Je n’imagine pas porter le t-shirt, le chemisier de quelqu’un d’autre. Un vêtement qui s’est imprégné de sa peau, de son odeur, de sa transpiration. De quelqu’un que je ne connais pas. Brrrr. Et si cette personne a une hygiène qui laisse à désirer? Et si elle n’est pas sympa? (oui, je sais, cette deuxième question est irrationnelle…).

C’est donc une idée que j’apprivoise très progressivement. Une amie m’a emmenée dans une friperie l’automne dernier, m’expliquant qu’on ne fait pas des achats dans une friperie comme on les fait dans des magasins où les articles seraient disponibles dans toutes les tailles. J’ai observé, beaucoup, j’ai fouillé, un peu et du bout des doigts. J’ai acheté un t-shirt manches longues dont la couleur me plaisait… pour ma fille. Qui ne l’a pas porté (elle n’aimait pas la couleur, elle…). Il est donc dans mon armoire.

Récemment, j’y suis retournée (j’y suis passée de loin en loin depuis l’automne, deux, trois fois). Et je me suis acheté un pantalon. Je progresse.

Ça va si je connais bien l’origine des fringues

Puis j’ai réfléchi. En fait, j’ai pleins d’affaires de seconde main : données par ma soeur, ma mère, ma belle-soeur, mes filles parfois. Et j’ai moi-même donné beaucoup de vêtements à ces mêmes personnes.

Quant à mes enfants, depuis le début, et jusqu’à il y a deux ans environ, ils ont été fringués en immense majorité en seconde main : les cousins plus âgés, les filles d’amies, et maintenant qu’ils sont grands, des adultes de la famille qui donnent quelques fringues ou des sacs entiers de fringues…

Ces mêmes fringues reprennent ensuite, lorsqu’ils sont trop petits pour mes jeunes, ou qu’ils ne sont plus mis, le circuit que j’ai pu mettre en place, auprès d’enfants d’amis. Quel plaisir de voir une pépette de l’âge de mon fils repartir avec quelques pantalons, une veste en jean, des t-shirts, des pyjamas, qui ne vont plus à mes filles.

Donc, le seconde main, non seulement ne me dérange pas quand je connais et apprécie la personne qui a porté les vêtements avant nous, mais est même largement pratiqué chez nous.

Ma mère faisait aussi les braderies lorsque les enfants étaient petits. Elle a ainsi équipé un placard de « au cas où » chez eux, au cas où les enfants restent dormir, au cas où ils doivent se changer, au cas où il fasse froid… Et une partie de ces fringues « au cas où » finissait dans les armoires ici, si mes gamins les prenaient en affection « Il est trop beau le pyjama de chez Mamie… ».

Poussée par la jeunesse

Au-delà de ma familiarisation avec cette idée en allant moi-même en friperie, mes ados m’y poussent. Ma fille ainée a fait des achats sur une plateforme connue de seconde main. Mes deux miss se sont offert des jeans et vestes en jean de friperie.

Lorsqu’elles sont rentrées, à quelques semaines d’intervalle, avec leurs vestes en jean de friperie, j’ai sorti les grands moyens : eau bouillante, percarbonate de soude, brosse. Je ne vous cache pas que j’étais dégoûtée de l’état des vestes, des cols pas nets, des manches toutes grisées. Bouark. Alors j’ai fait tremper, brossé, désinfecté. Le percarbonate de soude enlève les odeurs et blanchit, sans être aussi radical et nocif que l’eau de javel. Ma grande a râlé, car en brossant, j’ai aggravé un accroc du col sur sa veste. Sauf que ce « traitement » était la condition sine qua non pour moi, pour les laisser porter fièrement leurs achats. Et les vestes sortent tous les jours depuis, et je trouve ça très bien.

Est-ce valable pour tout, tout le temps?

J’en discutais avec une amie, qui fait peu de shopping, et use certains vêtements jusqu’à la trame, en particulier les pantalons. Elle refuse d’acheter ses jeans en seconde main. Elle m’explique qu’elle porte ses quelques jeans pendant une quinzaine d’années, en continu, qu’elle en a peu. Et quand ils sont « finis », ils vont au chiffon, car ils ne sont plus utilisables! Elle ne voit donc pas l’intérêt d’acheter un jean seconde main, qui lui fera moins longtemps, qui sera peut-être déjà « pré-usé ».

Et effectivement, dans l’autre sens, on voit bien que le seconde main, et par exemple la fameuse plateforme dont je parlais ci-dessus, peut devenir une super excuse pour continuer à consommer autant, voire encore plus, en mode « oui, mais c’est pas grave, c’est du seconde main »… Ce faisant, on ne remet pas en cause le fondement même de notre hyper-consommation généralisée, des effets de mode, des fringues de mauvaise qualité produites à l’autre bout du monde dans des conditions sociales et environnementales très critiquables.

La modération?

Quelles sont les solutions? Vous savez peut-être que garder une consommation importante voire effrénée de fringues, neuves bien sur, mais également et même si c’est un moindre mal, de seconde main, et se rassurer en « recyclant » ses fringues dans les bornes de récupération ou sur les plateformes de revente n’est pas valable… la modération est le seul moyen d’avoir un impact acceptable. La modération, la sobriété, le minimalisme… Des mots que peu d’entre nous avons envie d’entendre. Que nos politiques se gardent bien de prononcer.

Et pourtant, il faudra se faire à cette idée. Car imaginons : ok, achetons donc tous nos vêtements d’occasion, pour limiter l’impact environnemental, mais en gardant le même rythme de consommation. En réfléchissant deux secondes, on se rend bien compte que le marché de l’occasion va se bloquer très vite, non? A un moment, il faut bien l’alimenter ce marché de seconde main. Actuellement, le marché de l’occasion, vu comme vertueux, est alimenté par les sources pas vertueuses du tout que sont la fast-fashion, ses fashion victims et autres consommateurs qui donnent ou revendent abondamment leurs vêtements encore mettables.

Sans même parler de la question du transport français, voire européen des petits paquets individuels généré par les plateformes de vêtements d’occasion, on sent bien que notre rythme de consommation actuel (en moyenne dans les pays occidentaux au moins) ne se satisfait pas d’un marché fermé de type seconde main, qui tournerait en rond sur un capital de vêtements initial fixe…

Et qu’au final, acheter d’occasion, pour que ce soit acceptable et durable, va forcément avec une réduction de nos volumes moyens de vêtements, avec des achats raisonnés et raisonnables… Ca veut dire porter nos vêtements plus souvent, plus longtemps. Apprendre à les réparer. Et revenir à des achats, neufs peut-être, plus solides et de meilleure qualité. Plus cher sûrement…

Ça veut dire trouver notre confiance en nous et notre assurance ailleurs que dans une apparence variée et stylish, ailleurs que dans la mode et ses « it pièces », ailleurs que dans nos oripeaux… Ca veut dire pouvoir se satisfaire d’un dressing réduit, contenant quelques fringues sélectionnées portées au long cours. Vaste programme. Quand l’avenir de la planète rejoint le développement personnel!

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