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Hygiène et coquetterie, nécessaire et superflu

08/11/2021 | Au quotidien, Progression, Questions, émotions, Soin de soi

Où s’arrêtent l’hygiène et le nécessaire, où commencent la coquetterie et le superflu? Et de l’influence de nos croyances et des injonctions sociétales…

Lorsque ma salle de bains a progressé vers un mode minimaliste, zéro plastique, zéro déchet, qui n’est pas encore parfait d’ailleurs (mais la perfection est-elle de ce monde…?), c’est une question qui m’a titillée un moment. Dans le stock d’affaires et de produits que j’avais, qu’est-ce qui relève de l’hygiène, qu’est-ce qui relève de la coquetterie? Ou encore : dans mon système d’habitudes, de croyances, de complexes, qu’est-ce qui est touché quand j’évoque l’idée de trier, de jeter, d’éliminer une majorité de flacons, pots, ustensiles? Je prends l’exemple de mon rapport au maquillage, suivez-moi.

Enfance et maquillage

Quand j’étais gamine, je voyais ma mère rester au naturel l’immense majorité du temps. Elle osait un peu de maquillage pour les sorties, les grandes occasions, venant souvent vérifier auprès de nous « c’est pas trop voyant »? Pourtant la partie maquillage du placard était loin d’être minimaliste. Et je me disais « moi quand je serai grande, je me maquillerai ». En cachette dans la salle de bains, je me maquillais, je faisais des tests, je m’admirais dans la glace. J’avais déjà choisi les produits pour le jour où je pourrais me maquiller : un crayon à paupières bleu glacier, un rose à lèvres clair et brillant…

Lorsqu’une fille de ma classe avait débarqué à la rentrée de troisième maquillée comme une poupée (oh vilaine, le jugement!!), j’avais rejeté en bloc l’idée de me maquiller de façon aussi voyante un jour. A la fin du collège, je me suis acheté avec mon argent de poche du maquillage discret : un mascara brun, du vernis transparent, une ombre à paupières. Je prenais soin de ma peau, découvrant les gommages, les masques.

Maquillage, contradictions et société

Pourtant, je n’ai jamais pris l’habitude de me maquiller au quotidien. Mon envie d’optimisation et d’efficacité éliminait automatiquement la case maquillage. Se laver, évidemment. Soigner sa peau, oui, pour le confort et la santé. Se maquiller…? Ben non. En plus le maquillage ne tient jamais toute la journée, il faudrait faire des retouches. Et je ne parle pas de l’étape démaquillage hyper soigneux, pas franchement compatible avec un lavage rapide mais efficace du visage.

Malgré ces constats, je rachetais régulièrement du maquillage, et je m’en faisais offrir. Et je gardais ce principe que je devais me maquiller parfois. Et pourtant, comme déjà dit, ça n’a jamais été une injonction maternelle, ni même familiale.

Pourquoi me maquiller alors? Il faut se maquiller pour être une vraie femme? Il faut se maquiller pour me sentir belle (ouh, quel gros mot, quelle prétention que de se trouver belle…!!)? Et comme j’estimais ne pas me maquiller assez souvent, j’invoquais les excuses suivantes : je n’avais pas les bons produits, je ne savais pas faire, je n’avais pas assez de temps.

Et pourtant, même en ayant du temps, même en ayant des produits, je ne me maquillais pas! Vous le voyez le grand écart entre croyance et réalité… C’est un sujet mineur et quasi anecdotique, certes, mais faites l’analyse pour d’autres thématiques et vous verrez que ça arrive souvent! Au hasard, les pulls que vous collectionnez sans jamais les mettre, les appareils électro-ménagers (glacière, yaourtière, appareil pour couper les fines herbes…) qui encombrent vos placards, et j’en passe.

Je me fustigeais donc de ne pas me maquiller plus souvent, lisant des articles par-ci, par là. « Pourquoi les femmes qui se maquillent légèrement ont plus de chances de réussir un entretien d’embauche? ». « Le maquillage est une forme de respect de l’autre »… Euh donc j’en déduis que mon visage au naturel est irrespectueux des autres? Merci pour le boost de confiance en soi!!

Quand la réalité prend (enfin!) le pas sur les croyances

Lors de ma première disponibilité en 2016, nous sommes partis à New York quelques mois. J’avais écrit noir sur blanc dans mes occupations ou priorités à venir : « prendre le temps de me maquiller », incriminant donc toujours le manque de temps… Ça, c’était au milieu de « me documenter sur l’alimentation-santé » (checked), « découvrir New York en marchant » (checked), « faire du sport » (à moitié checked), « lire la biblio que je n’ai jamais le temps de lire pour le boulot » (pas du tout checked).

J’avais donc réservé une petite place dans les valises pour mes affaires de maquillage… Premier samedi sur place, nous allions nous balader vers Times Square. J’ai donc pris le temps de me maquiller. Peu de temps avant, j’avais en plus (re-)appris à le faire, grâce à une amie qui m’avait offert un cours de maquillage pour mon anniversaire. Et à l’issue du cours, j’avais inévitablement acheté toute une panoplie de produits à l’esthéticienne… Verdict? Ma deuxième fille, 9 ans à l’époque : « Oh Maman, t’es toute bizarre! ». Ok, merci ma fille, la vérité sort toujours de la bouche des enfants. J’ai persisté une fois ou deux, des anniversaires dans la famille, des occasions. Et quand je vois les photos, je me demande à quoi je joue et pourquoi je me suis déguisée.

Bon accessoirement depuis, j’ai aussi appris à reconnaître « mes couleurs », et je sais que je n’ai au final quasiment jamais eu de produits qui soient réellement adaptés à ma carnation. Bref.

Croyance et minimalisme

J’ai donc enfin abandonné la croyance que je devais me maquiller. Et ayant abandonné cette croyance, lorsque j’ai passé ma salle de bains au filtre minimalisme – zéro déchet – zéro plastique, j’ai éjecté l’ensemble des affaires de maquillage de ma salle d’eau. Une partie a rejoint celle de mes filles, qui ont un plaisir manifeste à se maquiller, et qui excellent dans l’exercice. Et j’ai jeté le reste. Et je m’en porte très bien.

Pourquoi cet exemple anecdotique? Pour expliquer que si je n’avais pas travaillé sur mes croyances autour de l’apparence que doit se donner une « vraie femme », sur l’obligation d’avoir des affaires de maquillage, à défaut de les utiliser, je n’aurais pas pu les éliminer de ma salle de bains. Et ce n’est peut-être pas votre cas. Vous avez plaisir à vous maquiller, vous en avez l’habitude, et très bien pour vous, si vous êtes conscient-e-s du pourquoi.

Cet exemple particulier de croyances s’applique à tout : fringues, équipements ménagers, affaires, activités, abonnements. Au-delà de hygiène et coquetterie, c’est plus largement la question du nécessaire – superflu qui émerge. Tout cela rejoint les conseils mis en avant dès que l’on cherche les gestes verts prioritaires pour l’avenir de notre monde : nous devons apprendre à différencier besoin et envie, nous devons moins consommer de produits manufacturés, moins de vêtements, moins d’électroménager, moins d’électronique, moins d’objets…

Encore faut-il être au clair sur ses vrais besoins, et débusquer les croyances qui nous maintiennent dans une recherche de réassurance à l’extérieur, dans l’avoir et le paraître… Et ce n’est pas notre société en général qui nous aide sur ce chemin!

Et vous, connaissez-vous vos croyances qui vous empêchent de faire du vide et de changer d’habitudes?

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2 Commentaires

  1. Catherine
    Merci beaucoup pour cet article très vivant ! J’ai voyagé à New York en te lisant merci !! Pour répondre à ta question : ça me fait penser à un appareil electro que j’ai acheté pour râper / emincer/ couper les légumes / fromages etc … je trouvais ce gadget génial chez une amie et … chez moi il reste au fond du placard : j’utilise une râpe manuelle et des couteaux. Je m’étais projetée sur sa façon de cuisiner et qui n’est pas tout à fait la mienne !
    Maintenant… je devrais peut-être le sortir du placard pour voir si une de mes filles s’en empare pour cuisiner à sa manière de temps en temps ? À suivre !!

    Réponse
    • Bonjour Caroline, merci! Ca me parle le coup de l’appareil vu chez des amis et qui a l’air trop bien / utile / efficace chez eux, et… flop chez nous. Les projections qui « tombent à côté! ». Bonne idée de le ressortir, voir si quelqu’un s’empare de l’utilité de l’engin… et selon, hop, direction Le bon coin ou Emmaüs… Belle journée!

      Réponse

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