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Manger bio : quelles priorités? (3/3)

17/03/2022 | Alimentation, Au quotidien

Manger bio pour sa santé, pour l’environnement. Ok, en ayant en tête que le seul critère bio ne suffit pas, loin de là. C’est la cerise sur le gâteau d’une alimentation santé (fibres, minéraux et vitamines) et visant des ingrédients en majorité végétaux, locaux et de saison. Et, au-delà de questions d’éducation, d’habitudes, de culture, là où le bât blesse, c’est que manger bio coûte cher. Au moins en premier lieu, si on maintient son alimentation traditionnelle. Il faut alors faire des arbitrages du budget : quels aliments prioriser en bio? Je n’ai pas de réponse toute faite, chacun doit adapter à son cas. Je vous livre mes réflexions, et mon expérience.

Le coût des protéines animales

Quand il faut arbitrer un budget en bio versus pas bio, les aliments les plus chers sont vite éliminés de la balance. Viande, poisson, fromages. Les trois piliers financiers les plus imposants d’une alimentation classique. Il semble difficile de les faire passer en bio lorsque le budget est contraint.

La viande et le poisson

De plus, je l’ai assez dit et répété sur ce blog, notre avenir, qu’il s’agisse de santé immédiate ou d’environnement, passe par une diminution drastique de la consommation de protéines animales. Pour des raisons d’apports nutritifs au niveau mondial, de pollution, de survie des océans, de gaz à effet de serre etc.

Je vous donne vite fait un échelonnement des protéines et de leur impact négatif, à système d’élevage équivalent. Le classement est vrai en industriel comme en bio :

  • boeuf (le pire!) > veau, mouton > porc > volaille > oeufs (les moins pires)
  • gros poissons (saumon, thon, cabillaud…) > petits poissons (sardines, maquereaux, rouget…) > crustacés

Arbitrer financièrement son budget ET se soucier de sa santé et de l’environnement amène donc logiquement, sans même parler de manger bio, à acheter moins de protéines animales. Moins de viande, moins de charcuterie, moins de poisson, frais ou en conserve, moins de fromage.

Je vous renvoie vers un futur article sur les astuces pour diminuer progressivement sa consommation de protéines animales et son impact : acheter des protéines moins polluantes (des oeufs plutôt que du boeuf), diminuer les portions (du chili con <moitié de> carne, les lasagnes boloignonnées), acheter moins souvent et mieux (un peu, du labellisé, plutôt que beaucoup, pur industriel…), redécouvrir les plats-repas de légumes (quiches, tartes, gratins, poêlées, soupes, salades, etc).

Le cas des produits laitiers

L’élevage bovin, de viande ou laitier, pollue. En conventionnel, les vaches sont alimentées par du fourrage ou des granulés conventionnels eux aussi. Donc présentant potentiellement des résidus de pesticides. Extrêmement difficile de trouver des infos là-dessus. Ce que je me suis dit, et qui n’engage que moi : pour les femmes allaitantes, il suffit de voir la quantité d’interdictions qu’il y a dans l’alimentation, ou dans les notices de médicaments. Si vous transférez ce fonctionnement aux mammifères en général (ultra scientifique comme démarche), vous vous doutez que tout ce qu’une vache (brebis ou chèvre aussi d’ailleurs) avale se retrouve dans son lait. Et dans les produits dérivés: beurre, crème, yahourts… Même si le lait des animaux sous traitement antibiotique n’est pas collecté, ça laisse beaucoup de choses non désirables potentiellement retrouvées dans les produits laitiers.

Par ailleurs, il vaut mieux boire le lait le plus « nature » et le moins transformé possible. Les laits les plus UHT-isés sont proches de produits industriels ultra-transformés, malgré leur apparente proximité d’un produit brut…

https://atlantico.fr/article/decryptage/pourquoi-les-scientifiques-pensent-que-le-lait-cru-est-toxique-stephane-gayet

Et comme dans ma philosophie, le (bon) gras c’est la vie, et le sucre, c’est l’ennemi, je prône donc le lait entier bio… Si possible (mais ça, j’y arrive pas, trop de gaspillage quand on a essayé) en version « frais » (pasteurisé) et non UHT. Selon votre budget, et si vous en mangez, ajoutez progressivement les yaourts et le beurre dans la liste des achats bio.

Quid des fibres?

Si l’on diminue la part des protéines animales, les féculents, légumineuses et végétaux augmentent mécaniquement. Et il se trouve que l’une des carences majeures de l’alimentation moderne, ce sont les fibres. Pour augmenter notre ration de fibres, nous avons tout intérêt, et entre autres, à manger des céréales complètes. Compte tenu de leur apport en fibres, de leur teneur supérieure en nutriments et de leur indice glycémique plus bas que celui des céréales raffinées.

Or, (et là, je la fais courte et caricaturale), les pesticides se concentrent dans l’enveloppe des céréales. Cette enveloppe que l’on enlève pour obtenir des céréales raffinées. Ou que l’on conserve en tout ou partie pour les céréales (semi-) complètes.

Donc vous avez tout intérêt à éviter de manger des céréales complètes conventionnelles si vous flippez sur les effets cocktail des pesticides. Dans ce cas, il vaut encore mieux prendre des céréales raffinées, malgré leur index glycémique plus élevé et leur intérêt nutritionnel restreint. Et dans l’idéal, nous avons tout intérêt à manger des céréales complètes, en bio.

Ca tombe bien, les rayons bio regorgent de produits complets ou semi-complets : les farines, les pâtes, le riz, les céréales du matin (qui soit dit en passant, sont pour la plupart infiniment trop sucrées, même les mueslis, pour être intéressants nutritionnellement parlant!). Et cerise sur le pompon du déchet, les produits complets sont de plus très répandus dans les silos de vrac.

Et évidemment quand on parle de céréales, difficile de se passer du pain dans nos cultures. En complet (ou équivalent) et bio! Si vous le faites vous-mêmes, la farine bio semi-complète (T80 minimum) est un compromis intéressant.

Légumes, légumes, légumes

Manger moins de viande, manger plus de fibres. Et ne pas oublier les vitamines et minéraux. Et donc les fruits et les légumes. Minimum cinq portions par jour. C’est un très large minimum! Sauf souci de santé majeur, votre corps ne refusera pas de portion supplémentaire de fruits et légumes!

Pour manger davantage de légumes, testez de nouvelles saveurs… Ça peut aller jusqu’aux fleurs comestibles, nombreuses! Au Japon, les fleurs de cerisier sont utilisées pour parfumer des desserts ou préparées en sucreries ou en infusions.

De saison et local

Que faire sur les fruits et légumes? Le rayon est large, immense. Je vous ai déjà exposé mon avis sur le fait que le bio ne suffit pas. L’idéal est, autant que faire se peut, de manger local et de saison. Un légume de saison a besoin de moins d’artifices de croissance (serre, chauffée ou non, engrais, pesticides) pour arriver à maturité.

Quelques bases de saisonnalité : les tomates, courgettes, concombres, aubergines, melons et pastèque, c’est uniquement l’été. Les fraises, à partir de mai jusque fin d’été, et le raisin de août à octobre. Les courges, les pommes, les poires, c’est l’automne, et l’hiver aussi car pommes et courges se conservent bien. Pour faire court, tout ce qui est plein de flotte et très hydratant correspond à la saison où il fait chaud (oh, comme c’est bien fait dis donc!). Pendant la saison froide, il est plus saisonnier de manger des légumes-racines et des choux… En hiver, pensez aux plats régionaux et à leurs légumes pour vous y retrouver : les pot-au-feu, potées, baeckeoffe utilisent les mêmes légumes globalement!

https://www.greenpeace.fr/guetteur/calendrier/

Les moins pire en résidus…

Par ailleurs, même en pleine saison, tous les fruits et légumes ne nécessitent pas autant de traitements. Les légumes à feuilles comme la salade et les épinards sont assez hauts dans le classement des pires légumes, mais pas les choux. Très haut en traitements également, selon plusieurs articles, sont les pommes, les fraises, le raisin ou les nectarines.

https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/Fiche.aspx?doc=fruits-legumes-lesquels-plus-traites

Puis il y a les traitements en place (aïe l’environnement… et la santé sur le long terme) et les résidus une fois que le produit arrive dans votre assiette (aïe la santé sur le court terme). Évidemment, il y a une corrélation. Mais il faut aussi voir si c’est un légume ou un fruit que vous pouvez peler. Eplucher un fruit ou un légume permet d’enlever une grosse partie des résidus. Attention, cela n’enlève pas tout, car certains traitements vont « à coeur ». La banane, les agrumes ou des melons peuvent présenter des résidus sur la peau. Mais on ne mange pas leur peau épaisse! A l’inverse, le raisin subit beaucoup de traitements, présente beaucoup de résidus. Or je n’ai jamais eu la patience d’éplucher les grains de raisin!

Le bonus possible en achetant bio certains légumes ou fruits : vous avez intérêt à conserver leur peau à la croque ou en cuisine! Il semble que la peau renferme en effet une quantité non négligeable d’atouts nutritifs, dont on se prive en épluchant les fruits et légumes. Donc autre critère : prioriser les fruits et légumes que l’on ne peut pas éplucher et ceux que l’on peut ne pas éplucher (relisez deux fois…).

Quelle fréquence de consommation?

Ensuite, par exemple, le céleri branche est un produit conventionnel fortement traité, et que l’on n’épluche pas. Donc bio? Mais en mangez-vous beaucoup? Si vous en achetez deux fois l’an pour votre potée ou votre recette de minestrone, ne vous embêtez pas forcément à l’acheter en bio. Si comme nous, vous en mettez deux branches chaque matin dans l’extracteur de jus, alors mieux vaut l’acheter bio! Et si vous faites partie du club « faisons disparaître le céleri, ce légume qui ne devrait même pas exister tellement c’est pas bon », la question ne se pose pas.

A l’inverse, si chez vous chaque semaine, vous cuisinez trois kilos de carottes et trois kilos de pommes de terre, peut-être est-ce intéressant d’acheter ces légumes en bio? Idem pour les pommes.

C’est donc à vous d’établir vos priorités en fonction du prix au kg de la version bio, de vos goûts et habitudes. Même si justement, il est ici question de les changer, ces habitudes.

Notre cheminement bio, notre choix

Étudiante, j’avais un budget serré. Je m’offrais mon pain semi-intégral et mes pâtes au magasin bio local. En hallucinant total sur le prix des fruits et légumes (qui peut payer quinze francs un kilo de courgettes???). Je m’offrais parfois des raisins secs, car ce sont les fruits secs les plus abordables, même en bio. Pour le reste, j’achetais au moins cher en supermarché. Déjà à l’époque beaucoup, beaucoup de légumes… Pas toujours de saison, car je n’étais pas encore sensibilisée à ces questions.

Puis, quand nous avons eu des enfants, nous avons élargi notre gamme d’achats bio en supermarché au lait (entier!) et aux oeufs. Et j’allais de temps en temps en magasin bio faire le plein d’épicerie et de sec (farine en particulier, T80 et plus).

Progressivement, nous avons étendu aux yahourts. Nature chez nous, de tout temps. Les desserts sucrés des supermarchés sont des produits ultra-transformés, que je vous enjoins d’abandonner!! Ce sont des ramassis d’additifs, de gélifiants, et bien sur, de sucre à trop haute dose. Pour le même prix, achetez des yaourts nature bio, et ajoutez un peu (j’ai dit : « UN PEU! Doucement les becs sucrés! ») de sucre, de miel, de confiture, de lemoncurd.

Quelques années encore, nous avons commencé à acheter certains légumes et fruits en bio, toujours en supermarché, où l’offre bio s’élargissait : carottes, pommes de terre, oignons, bananes. Et je nous avais par ailleurs abonnés à un panier bio local, 5kg chaque semaine. Pas toujours facile de gérer les arrivages du panier bio, surtout en hiver…

Puis, depuis six ans, nous achetons majoritairement en magasin bio. C’est un choix financier impactant. Et je dis bien « choix ». Je connais des personnes aux profils financiers opposés qui ont fait ce choix d’une alimentation bio. Souvent en végétarien, par conviction et pour garder le budget dans une ampleur arbitrable.

Arbitrer vers le bio… et changer d’alimentation

Au fur et à mesure que nous avons élargi notre gamme d’achats bio, pour des raisons isolées ou combinées d’environnement et de santé, nous avons fréquenté d’autres endroits et d’autres circuits d’achat. Et nous avons été sensibilisés à d’autres sujets : le local et de saison, le végétarisme, les produits laitiers et la santé, etc. Au final, nous avons inévitablement et heureusement modifié notre alimentation.

Commencer par quelques produits, le lait, les oeufs, les céréales (semi-)complètes, les fruits et légumes que l’on mange le plus, permet de garder le budget sous contrôle, tout en faisant du bien à notre santé et à la planète.

Et vous, c’est quoi votre liste d’achats bio?

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