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Mon amie Coco

14/07/2022 | Au quotidien

Coco est une amie. Je l’adore. Et voilà, il faut absolument que je vous parle d’elle.

Mon amie Coco est une belle personne. En tout cas, selon moi, sinon elle ne serait pas mon amie. Vive, passionnée, émotive, bavarde, à l’écoute, sensée, irrationnelle, joyeuse, scandalisée, elle ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle est solidaire, généreuse, attentive. Ca serait presque la fille de la chanson de Ronan Luce, la scandaleuse… C’est une nana ambitieuse et branchée. Elle et son mari gagnent très correctement leur vie.

Elle s’intéresse à la planète : « Mais comment ne pas s’y intéresser, t’as vu la cata? Ah non, mais moi je fais ce que je peux à mon niveau, mais les grands de ce monde, ils sont où là, ils planent ou quoi? ». Elle apprend pleins de choses sur le sujet, depuis qu’elle s’est abonnée à toute une série de comptes écologiques sur les réseaux sociaux, entre ses abonnements mode, cuisine (« Si, c’est tellement classe les videos de recettes »), déco (« Je crâââque total sur certains designers, non mais le style, comment résister? »). Alors elle passe encore plus de temps qu’avant à scroller. « T’as vu les décharges de plastique aux Philippines? Action immédiate, j’ai acheté des super jolies gourdes pour toute la famille! Bon c’est un peu plus lourd qu’une bouteille en plastique… Du coup, on ajuste, gourde ou bouteille selon le poids du sac ».

Et depuis qu’elle apprend tant de nouveautés au sujet de l’avenir de la planète, elle a adapté ses habitudes. Pour être plus juste, elle a adapté sa consommation…

L’équipement écolo de Coco

Elle a ainsi acheté la panoplie quasi-complète de la parfaite écolo : vélo électrique, sacs en vrac, lingettes lavables, savons et shampooings solides, kit intégral d’ingrédients pour fabriquer ses produits ménagers maison, panier à roulettes pour aller au marché près de chez eux.

Elle est allée deux fois au marché, a consciencieusement utilisé ses sacs à vrac et son caddie à roulette. C’est tellement lourd. Et casse-pieds aussi. Un coup, elle oublie les sacs à vrac. Un coup, quand elle part, ils sont encore occupés des courses de la fois d’avant… Et puis c’est tellement simple le drive de grande surface. Sa liste est déjà enregistrée, elle clique, elle paye, elle passe prendre les sacs… Et puis elle a changé certains produits pour acheter leur version bio, le drive le propose. « Ça compte ça aussi pour la planète, non? » AMAP, magasin bio? Oui, bien sûr, elle s’est renseignée. Mais ça veut dire faire les courses en plusieurs fois, en plusieurs endroits, elle n’a vraiment pas de temps pour ça.

Dans le garage, le vélo électrique est sagement rangé près des vélos « musculaires » (car c’est comme ça qu’ils appellent les vélos tout court désormais…), et de sa citadine. « On a eu du bol, on l’a acheté avant qu’il y ait la pénurie sur tous les équipements électriques là! J’ai pris le vélo cinq fois pour aller au boulot depuis septembre, je suis super fière de moi. Tu sais, entre les activités des gamins, aller les récupérer ou les conduire ici ou là, ou faire deux-trois courses en sortant du taf, ou les rendez-vous en fin de journée, y’a quand même pleins de fois où c’est difficile de prendre le vélo. Je le prends quand j’ai rien, et qu’il fait beau… et que j’ai le courage aussi ».

Ma coquette amie Coco

Coco prend soin d’elle et elle se maquille joliment. « T’as vu mes cernes, je ne vais quand même pas sortir comme ça!! Et puis j’aime tellement ce nouveau rouge, là ». Son armoire à maquillage est plus remplie que la pharmacie familiale. « Ben, je ne peux quand même pas utiliser le même fond de teint en été qu’en hiver! En plus, chez Chanior, ils ont sorti un nouveau qui est tellement… parfait pour ma peau! Eh mon mascara, je l’ai trouvé dans une marque bio, nickel ».

Dans sa salle de bains, pour la planète, elle a ajouté des magnifiques porte-savons : « Je n’ai pas résisté, chez <>Home, trop beau ». Et aussi des flacons en verre : « Pour mes produits DIY. Tiens, sens! C’est de l’eau florale maison! ». Les nouveaux produits trônent fièrement près des produits qu’elle avait déjà. « Je continue à acheter des cotons jetables, parce qu’après une soirée, quand je me suis maquillée un peu plus, je trouve que c’est quand même plus facile… Et puis je continue d’acheter mon shampooing Jean-Michel Daviatis, parce que mes cheveux… Enfin tu vois, le shampooing solide, c’est génial hein, mais je ne peux rien faire de ma tignasse après. Et puis j’aime trop les parfums de mes produits douche fétiche. Du coup j’alterne… Bon ok, c’est vrai que par habitude, je prends souvent le flacon plutôt que le savon ».

Artifice et pleine lune.

Mon élégante amie Coco

Elle est jolie Coco, elle le sait, et elle fait tout pour le rester, à son idée. Elle aime les jolies frusques, les belles chaussures, et que ses tenues soient aussi parfaites que possible. « Ben tu sais, dans mon job, je ne peux pas me permettre d’être négligée » (sous-entendu, en jean de marque – tee-shirt siglé, sa tenue de relâche). « Je vois des grands directeurs, des clients, faut assurer ». Alors son dressing est immense. Il est presque ordonné, depuis qu’elle a investi dans des super rangements sur mesure, pour optimiser l’espace. « Tu comprends, je ne m’y retrouvais plus ». Et son homme a un dressing presque aussi grand que le sien. Lui non plus, « Il ne peut pas se permettre d’être négligé face au client ». Et lui aussi, « Il a des réunions importantes avec des gens tout aussi importants « .

Alors, pour la planète, c’est dans des enseignes équitables qu’elle refait son dressing à chaque saison. « T’as vu mes nouvelles tongs? Biocoop!! Celles de l’an passé étaient toutes sales, je n’arrivais plus à les avoir nettes. Hop, équitables et respectueuses de la planète, trop bien ». Elle attend souvent les soldes parce que : « Purée, c’est équitable ok, mais ils se servent bien au passage hein, t’as vu, 45 euros pour le t-shirt là? Heureusement que je l’ai eu en solde celui-là ». Et elle ajoute : « Mais tu sais que même les grandes enseignes qui sont montrées du doigt s’y mettent? J’y ai trouvé un trésor de petite robe d’été, même pas chère, en coton bio! ».

Et elle est devenue addict à Vinted. « Les affaires que je fais, t’imagines même pas. Du coup, vu les prix, j’ose m’acheter des trucs que je n’aurais jamais achetés neufs, ça permet de tester à pas cher! ». Et elle revend ses fringues des années passées sur Vinted aussi. « Ça marche super bien. Si l’on exclut les pinailleurs à 50 centimes près, je n’en reviens pas parfois. La saison dernière, j’ai revendu pour 200 euros de fringues tu sais, j’ai pu racheter leur garde-robe estivale à Riri, Fifi et Loulou, j’étais trop contente! ».

Les repas de la famille de Coco

Elle fait super attention à sa ligne Coco. Elle a tout tenté pour donner à ses enfants, et aussi un peu plus à son homme, le goût des légumes : les cacher dans des gratins de pâtes, les quiches, les soupes… Et un peu renoncé.

« Non mais, avec mon job, je n’ai juste pas le temps de cuisiner. Et comme ce n’est pas ma passion, si c’est pour qu’en plus, personne ne mange ce que je prépare!! Mon homme? Il bosse encore plus tard que moi en semaine, laisse tomber. On mange souvent des pâtes. Et un soir, j’achète des pizzas au camion. Et puis beefsteak haché, escalope de poulet, cordons-bleus ou poisson pané, ça, les gamins mangent. Alors écoute, du moment qu’ils ont quelque chose dans le ventre, et qu’ils dorment!!

Eh, ils mangent des fruits hein : j’achète des compotes pour les desserts et les goûters, y’a les 100% pur jus du matin. Et puis, à la cantine, ils nous promettent des repas équilibrés. Alors c’est bon, ils nous saoulent avec leurs 5 fruits et légumes par jour, comme si on n’avait que ça à faire, cuisiner des légumes frais tous les jours… Et même s’ils aimaient les légumes, quand est-ce que je fais mes courses de frais là, pour avoir des légumes « de saison et locaux » tous les jours?? Ils ont pensé ça où? En semaine je bosse, le weekend, on part dans notre maison de vacances ou on voit des amis… T’as vu les horaires des gens qui travaillent, c’est juste infaisable!! En plus, je connais quand même pas beaucoup de gamins qui aiment les légumes, franchement.

Et puis, sans même parler de légumes, juste le fait de cuisiner, pas possible en semaine! Le batch cooking et compagnie là, j’avais acheté tout l’équipement, les livres de recettes, les boîtes, le robot-cuiseur et tout. J’étais super motivée hein. Mais en fait, j’ai pas envie de passer mon dimanche en cuisine pour la semaine suivante, et mon homme non plus. Alors écoute, j’ai fait le choix de bosser à fond, ma carrière est importante pour moi. Ben en semaine, c’est sûr, les repas familiaux, ils prennent un peu une claque, mais c’est pas très grave ».

Entretemps, elle a réalisé l’impact de la consommation de viande et de produits animaux. « Ah non, mais là-dessus, impossible d’agir! Mon homme est un viandard fini, et il ne se voit pas ne manger que des courgettes ou du butternut! Et puis même s’il acceptait, y’aurait pas un souci pour un mec, de ne plus manger de viande? Non? T’es sure? Et de toute façon, en légumes, les enfants n’aiment que les carottes et les haricots verts… Alors avec tout ça, comment veux-tu qu’on limite la viande? Ah si, j’ai testé les steaks de soja et pour le coup, ça passe. Ça compte ça, steak de soja? »

Les vacances de Coco

A part son vélo électrique qui reste au garage, elle a fait son bilan carbone, une fois, pour rigoler, en groupe. Ouch. Elle n’avait pas vraiment réalisé l’impact de l’avion! Entre cette prise de conscience et les deux années étranges passées, elle et son homme ont décidé de rester davantage en France pour les vacances. Ils se sont offerts une résidence secondaire au bord de la mer. « Ben tu comprends, on ira là-bas au lieu de partir ailleurs, et du coup, on limite l’avion. Bon, on aura quand même envie de découvrir des coins sympas, ou des climats différents, surtout en plein coeur de l’hiver, mais bon globalement, on va diminuer l’avion quoi ».

Qui est Coco?

Voilà Coco. Ses idées, ses incohérences, ses volontés, ses engagements, ses convictions, ses croyances, ses erreurs. Coco, sur certains aspects, c’est un peu moi. Peut-être est-ce un peu vous? Ou peut-être connaissez-vous une Coco? Coco, c’est aussi nous, collectivement, convaincus qu’il faut agir, mais trouvant de bonnes raisons d’agir a minima, ou en dépit du bon sens. Et surtout, encouragés encore une fois par le système et par sa publicité, c’est nous, qui remplaçons une consommation effrénée classique et industrielle, par une consommation tout aussi effrénée soit-disant plus responsable. Consommation qui au final, ne modifie pas vraiment nos habitudes…

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-grande-table-idees/des-boomers-aux-enfants-gates-de-la-consommation-apres-moi-le-deluge-8491228

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