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Seaspiracy : la pêche industrielle, cette plaie…

13/10/2021 | Alimentation, Au quotidien

Nous avions regardé en famille Cowspiracy en mai dernier. Un choc. Bon ben, rebelote. Nous avons visionné Seaspiracy récemment. 1h30 environ le film. Gagnez du temps : je vous en dis ce que j’ai retenu, en quelques minutes de lecture.

Le pitch de Seaspiracy

Sans doute dans le désordre, et passé par mes filtres, voici ce que j’ai retenu du film :

Une affaire de cétacés et de plastiques

C’est l’histoire d’un gars, Ali Tabrizi. Il a une passion pour les océans, et la faune marine et tout particulièrement les mammifères marins le fascinent. Face aux nombreuses nouvelles de cétacés retrouvés morts avec des kilos et des kilos de plastique dans l’estomac, il décide de s’engager contre les plastiques d’une part, et de mener l’enquête d’autre part.

Son enquête l’emmène au Japon, qui a ré-autorisé la chasse aux cétacés. Il assiste à une capture-massacre de dauphins. Les dauphins capturés sont vendus aux parcs d’attraction maritimes. Premier conseil : boycotter ces parcs. Pourquoi les autres dauphins sont-ils massacrés? Parce que les pêcheurs locaux les accusent d’être responsables de la diminution du stock de poisson…

Où l’on passe des plastiques à la pêche industrielle

L’enquête se poursuit sur les marchés aux poissons de Tokyo. Il y filme beaucoup de thons, d’une espèce en voie de disparition, et pourtant encore massivement pêchée, tout simplement car c’est vendu une fortune! Notre reporter constate alors qu’il y a aussi une palanquée de requins sur le marché, aux ailerons découpés. La piste du requin l’amène en Chine. La frénésie autour des ailerons de requins y génère une véritable décimation de leur population. Or malgré le désamour courant pour ces bêtes, elles sont indispensables à l’équilibre de la faune marine.

Par ailleurs, on apprend alors que les requins sont aussi victimes du « by catch » de la pêche industrielle, les prises « par erreur », non voulues, des chaluts de fond. Lorsque cela arrive, requins mais aussi dauphins d’ailleurs, les specimens non voulus sont rejetés par-dessus bord. La majorité du temps, ces specimens ne survivent pas, trop abimés par leur temps dans le chalut.

Des plastiques, on en arrive donc à la pêche intensive et ses dégâts :

  • sur les espèces animales, avec le problème de la surpêche en général, et du bycatch,
  • sur les fonds marins : raclage des fonds, et donc destruction des habitats par les chaluts, les superficies concernées sont énormes! Le film souligne l’importance de la flore marine.
  • sur la génération de déchets plastiques. Concernant ce dernier point, à titre d’exemple, déchets de pêche, filets et autres articles constituent 46% du volume du continent de plastique du Pacifique.
  • sur les populations locales qui vivaient de pêche vivrière et artisanale. Au cours du film, il échange régulièrement avec une personne de Sea Shepherd. C’est une association puissante de sauvegarde des océans, qui collabore avec les autorités locales partout où elle peut pour faire respecter les lois et dénoncer les pêches illégales. L’exemple suivi dans le film se déroule en Afrique de l’Ouest, où des bateaux industriels viennent illégalement (sur-)pêcher. L’auteur va jusqu’à induire que les populations de pêcheurs locales, réduites à chasser de la faune terrestre, auraient ainsi contribué aux épidémies Ebola…

Quand les labels de pêche durable sont mis en doute

Le réalisateur se pose alors la question d’une pêche durable. Il rencontre des organismes de labellisation, qui certifient l’absence de bycatch de mammifères marins ou des formes de pêche plus respectueuses. Après quelques interviews et échanges, il en arrive à la conclusion que les labels ne peuvent pas vraiment garantir l’absence de dégâts des activités de pêche, certifiées ou pas. Ils ont peu d’observateurs, parfois soudoyés, certains ont mystérieusement été perdus en mer. Bref, une vaste nébuleuse, un écran du fumée, voire une arnaque. C’est aussi le premier moment du film où émerge une solution face aux dégâts infligés à l’océan : arrêter de manger du poisson…

La pisciculture n’est pas davantage une solution

Il pense ensuite avoir trouvé la solution avec l’élevage. Cette solutino ne provoque pas de bycatch, pas de raclage des fonds marins, pas de déchets de filets de pêche ou autres. Il se rend en Ecosse. Et découvre l’horreur. Des poissons malades, tassés dans des fermes aquacoles qui polluent épouvantablement : chaque ferme produit autant de matière organique (déjections des poissons entre autres) qu’une petite ville… Sans parler des traitements massifs pour traiter les maladies liées aux conditions d’élevage, du gaspillage, de la maltraitance des poissons. Mmmh, maltraitance, voyons voir, ah oui! Le saumon, par exemple, est un poisson qui à l’état naturel parcourt des km et des km… .

L’élevage n’est donc pas davantage une solution que la pêche industrielle. Et pour les crustacés, encore moins. La disparition de la mangrove est principalement due aux élevages, de crevettes en particulier. Les chiffres sont effrayants, on approche les 40% de mangrove disparue.

Des réserves pour préserver l’océan?

Autre solution pour préserver les océans : des réserves? Les réserves maritimes n’interdisent pas toutes la pêche. Or l’arrêt de la pêche est une solution, comme constaté dans le Golfe du Mexique il y a quelques années suite à une marée noire : la faune a bénéficié de l’arrêt des activités de pêche, et ce, malgré la pollution! Une conclusion positive : l’océan a des capacités de régénération rapide.

Enfin, (et là, je ne me rappelle plus du fil conducteur qui l’amène là), un dernier voyage pour son film l’amène en Thaïlande, où il découvre le travail forcé de travailleurs immigrés, sur les bateaux de pêche.

Ne plus manger de poisson, CQFD

Terrifié, et s’appuyant aussi sur l’avis d’une océanographe connue, le réalisateur en arrive donc à la conclusion qu’en l’absence de solution pour une pêche durable, et compte tenu de l’hérésie des élevages, le seul moyen de préserver les océans est d’arrêter de manger des produits de la mer.

Ce qui ne serait au final pas un souci total pour notre santé, compte tenu de la pollution de la chaîne alimentaire marine aux PCB, métaux lourds, et micro-plastiques…

Les critiques du film

Des chiffres tirés de leur contexte

Comme pour Cowspiracy, les critiques du film portent sur quelques chiffres tirés de leur contexte, ou abusifs. La date de 2048 pour un océan vide de poisson semble faire consensus sur le net comme exemple de chiffre alarmiste mais faux. L’auteur lui-même de l’article qui avançait cette date, en 2006, a démenti ses propres calculs un peu plus tard.

De la même façon pour les 46% de déchets de pêche : c’est vrai dans le continent plastique du Pacifique, en termes de volume. Par contre, en nombres d’éléments, les microplastiques et pailles gagnent haut la main et représentent plus de 90% des éléments plastiques de ce continent. De plus, cette proportion de déchets de pêche ne s’applique pas partout, et pas sur les cotes françaises par exemple, où il serait plus proche de 10%.

Un documentaire qui joue sur la corde sensible…

Le réalisateur choisit une forme d’enquête James Bondienne, où il est refoulé à l’entrée de multiples entrepôts ou entreprises, se fait chasser, se voit interdire de filmer, etc. Il montre des images volontairement choquantes, comme les massacres de cétacés, les saumons morts entassés dans un container, les tortues prises dans des filets de pêche.

Le reportage aux Iles Feroe ne présente qu’images et musique triste, sans expliquer davantage la situation spécifique de ces îles. Sans cautionner à tout prix le maintien de cette tradition, l’auteur aurait pu mettre en perspective cette pêche locale et traditionnelle, par opposition au reste du film, où l’on parle de pêche industrielle mondialisée.

Ce que j’estime valable de retenir :

Les roches de la Cote Sauvage et l’océan Atlantique / Manche – Nord Finistère

Des faits sur l’océan et la pêche

Les polémiques sur le film s’étendent sur l’exactitude des chiffres avancés ou sur la forme un tant soit peu hollywoodienne du documentaire. Elles ne doivent pas cacher le fait que le message de fond est vrai. Et donc au-delà de la controverse sur le film, voici les éléments que je retiens :

  • sans un océan en équilibre et en santé, la vie sur terre, et donc accessoirement l’espèce humaine, est condamnée. Pour faire court, un océan en santé est un océan plein de vie végétale et animale. Cette dernière contribue entre autres au brassage des différentes strates d’eau par ses aller-retours fond-surface. L’océan est crucial dans la chaîne calorifique de la planète (absorberait 90% de l’augmentation de température) et dans son rôle sur le cycle du CO2 (petite question d’actualité il me semble). Or la vie marine a déjà été drastiquement diminuée dans les dizaines d’années passées, à des taux terrifiants : diminution des populations de poissons, morts des coraux, annihilation des fonds marins…
  • la pêche commerciale exploite des méthodes industrielles (chalut, etc) qui ne sont pas durables. Par la porte ou par la fenêtre, ça ne passe pas. On peut labelliser, on peut inventer ce que l’on veut : la pêche industrielle au chalut n’a que des dégâts pour l’océan. Elle engendre surpêche, bycatch, déchets plastiques, destruction des habitats marins, suppression des pêches artisanales locales…
  • l’élevage est une calamité environnementale : conditions de vie des poissons déplorables, pollution maritime liée à la concentration des rejets, pêche quand même nécessaire pour nourrir les poissons d’élevage, maladies liées à la concentration des individus et nécessitant des traitements médicamenteux…
  • la notion de pêche durable, si elle est une belle théorie, reste extrêmement difficile à appliquer.

Les actions possibles pour protéger les océans

Même si le film n’en reparle pas au final, je maintiens qu’il ne faut pas oublier cette affaire de plastiques dans l’océan : un camion-benne par seconde dans le monde. Nous pouvons contribuer en éliminant au maximum notre usage de plastique. Et sans se réfugier derrière le « Mais je recycle! ». Car suffisamment de reportages montrent qu’entre ce que nous mettons dans nos poubelles et ce qui est réellement recyclé, il y a une marge.

Les conclusions du film sont drastiques : si l’on veut sauver les océans, il faut arrêter de manger du poisson et des produits de la mer. A cette condition, l’océan pourra se régénérer. Cette régénération pourrait être rapide, il suffit de 15 à 20 ans semble-t-il.

Je nuancerai cette conclusion drastique suite à une petite video des Mardis Verts de Greenpeace : dans cette video, le narrateur conseille, afin de protéger les océans :

  • de considérer les produits marins comme un mets de fête et exceptionnel. Il rappelle que la consommation de poisson n’est aucunement indispensable. Il est en effet possible de trouver des protéines et des Omega3 dans d’autres aliments (noix entre autres, pour les omega 3).
  • de privilégier les espèces locales. Il suggère de sortir du sacro-saint trio cabillaud – thon – saumon, et de re-découvrir le bar de Bretagne, le merlu basque, la dorade de Méditerrannée, etc.
  • de bien regarder les méthodes de pêche qui doivent être indiquées lors de la vente : privilégier les prises au casier ou à la ligne, éviter à tout prix le chalut et les dispositifs de concentration de poissons (DCP).
  • Voici le lien vers cette video : https://www.youtube.com/watch?v=8zHF4fxFd4o

Au global, je vous laisse imaginer notre sidération à la fin du film. C’est mon homme qui a dit le premier « Bon ben, c’est sûr, moi je suis Ok pour manger beaucoup moins de poisson hein… ».

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