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Stocker, c’est écolo?

29/09/2022 | Au quotidien

Il déteste jeter. Que ce soit de la nourriture, des vieux vêtements, des cadeaux, des objets, des « ça peut toujours servir ». Marie Kondo tomberait sans doute dans les pommes dans son sous-sol ou devant ses placards. Et déménager en tiny house tient de l’utopie pour l’instant!

Les repas-restes

Il accumule après chaque repas dans le frigo des petites boîtes, ou des assiettes recouvertes de film, remplacé depuis peu par du bee wrap. Puis il finit par faire un « repas-reste », dont certains pourraient bien être un peu douteux en termes de mangeabilité…

Il surveille les dates de péremption. Malgré cela, si jamais les dates sont dépassées, c’est son nez qui le conseille : « ce yaourt, il ne sent rien, il est encore super bon » ou bien « fais un peu chauffer le lait, tu sauras tout de suite » ou encore, « cette banane? Mais si, elle est bonne, y’a qu’à la chauffer à la poële ».

Ses enfants l’ont surnommé en douce « la poubelle »… Parce qu’il ne supporte pas les assiettes non finies à sa table, et attrape, pique, finit, racle les assiettes des autres. Même les morceaux un peu dégueus. Genre « non mais cette croûte de fromage, elle se mange!! » ou encore « non mais la couenne du jambon, c’est le meilleur! ».

Le dressing écolo-vieux

Son dressing est plein. Mais pleins de vêtements « écologiques », puisque la majorité dépasse les dix années de service. Même les t-shirts dont le col s’est dissocié en deux parties de tissu tellement ils sont usés. Sa femme est folle quand il les met. Elle peut lui répéter « non, mais côté sex appeal, faudra repasser », rien n’y fait. « Il est tout doux, ce t-shirt. En plus il date de ma première compétition de running, quand ils donnaient encore des t-shirts en coton, et pas des trucs fluos synthétiques! ».

Et quand vraiment un vêtement ne lui plaît plus (si, c’est arrivé) ou qu’il n’a pas d’opportunité de le mettre (la veste de smoking récupérée auprès d’un grand-oncle), il les entrepose soigneusement dans les « déguisements ». Les gamins sont tellement contents de trouver ces valises et ce portant, trésor de vieilles fringues plus improbables les unes que les autres, et porte ouverte sur des mondes imaginaires… Pourtant, lorsqu’ils ont été invités à des soirées déguisées, ça s’est finalement soldé par un achat sur une grande plateforme en ligne, parce qu’il était difficile de se déguiser autrement qu’en thème « kitsch »…

Et les vêtements en coton, quand ils sont vraiment usés, rejoignent « la caisse à chiffons ». Elle déborde, la caisse à chiffons…

La mémoire…

Car le stockeur est émotif… « Non, je ne vais quand même pas jeter le cadeau de Tante Jeanne de notre mariage? Regarde, ce plat à poisson (il est devenu végétarien…), il peut servir pour autre chose, pour des crudités (qu’ils servent en saladier), pour une tarte (elles sont rondes, le plat est ovale)… Voire tu sais, quand je bricole et que je cherche un plat pour éviter de perdre toutes les petites pièces (le plateau fait 60 cm de long et 30 de large…). Non, je ne vais pas le donner. »

Idem pour les archives scolaires des enfants… y compris les siennes, qu’il a récupérées de chez ses parents, quand ils ont emménagé, il y a… ouh, bien longtemps. Tout y est, les cahiers du jour, les dessins de maternelle, les bricolage infâmes, désormais en plusieurs morceaux, car la colle a séché.

Les collections

Et par définition, le stockeur… stocke. De tout.

Les récipients

Des bocaux en verre de toute taille occupent selon les saisons, jusqu’à deux étagères pleines du grand placard : « J’en ai besoin pour le vrac et les compotes« . Il y a des jolies bouteilles, pour les sirops, les boissons d’apéro d’enfants ou d’adultes d’ailleurs. Les boîtes à chaussures en carton vides, des boîtes tout court, en carton souvent, s’accumulent ici et là.

Y compris les boîtes vides de chocolat reçues en cadeau : « T’as vu la qualité du carton? Y’a même un aimant intégré, c’est génial pour ranger les affaires de bureau » « Je veux bien, mais t’es sûr que t’as besoin de douze boîtes? ». Ah oui, parce qu’au fil des années, ils en ont eu en cadeau des boîtes de chocolat…

Et les boîtes en métal bien sûr. Son dernier stock, il l’a customisé en déco-patch, incroyable, on pourrait croire qu’il les a achetées en magasin.

Les sacs en papier, jolis, d’enseignes ayant pignon sur rue, ou des rayons fruits et légumes sont soigneusement mis à plat et entreposés. « J’en ai toujours un usage pour mettre de côté les affaires que je souhaite donner à telle ou telle personne, ou pour emballer et protéger des objets fragiles ». Oui, mais de là à avoir un stock suffisant pour aider Christo à faire un patchwork sur l’Arc de Triomphe, est-ce vraiment nécessaire?

Le DIY

Et il y a tout ce qu’il garde parce qu’il pourrait le transformer. Dans une espèce de mélange de volonté de ne pas gaspiller quelque chose qui peut servir, d’ébullition imaginative (ça serait génial de le transformer en … <compléter>), d’habitudes aussi.

Son placard de couture déborde de récupération : vieux draps de toile aux dimensions qui ne sont plus compatibles avec les literies actuelles, ou ayant subi les outrages du temps et déchirés, en général dans leur milieu. « Mais les bords en sont encore très solides! ». Tous les vêtements abimés dont les tissus sont jolis. Tous les tissus dont sa mère, qui cousait beaucoup à une époque, ne veut plus : « Rhho, on n’va pas jeter ça quand même ». Toutes les chutes : bas des rideaux recoupés à la bonne longueur, chutes de projets de couture… Et sa tête fourmille d’idées pour les réutiliser. Les réalisations? Oh, quelques-unes, par ci, par là. Mais le stock de tissus grossit plus vite que sa motivation à mettre en oeuvre ses idées.

Il s’est entiché de teintures naturelles, sur les tissus, et entrepose soigneusement, après séchage, les épluchures d’oignon et d’avocats. Et il faut beaucoup de matériaux pour une teinture un peu forte. Alors les sacs en papier qu’il conserve soigneusement trouvent un usage particulièrement utile là. « Ah, tu vois, je savais que ça servirait… ».

Les bouchons en liège (pas ceux en plastique) depuis qu’il a vu des jardinières dont le paillage en était constitué. « L’effet est génial, non? ». Il l’est si l’on exclut le côté « c’est vous tous seuls qui avez accumulé autant de bouchons??? ». « Non, on s’est fait aider par les copains!! »

Son royaume… le sous-sol!

Et il y a le sous-sol, immense (selon les cas, adapter : ça peut être hangar au fond du jardin / l’abri pour la tondeuse / parfois, la pelouse devant la maison).

Multi-usage

Le sous-sol, il sert de salle de jeu (babyfoot et table de ping-pong), de garage à voiture et à vélo, d’abri de jardin, de cave à vin, de vestibule chaussures et manteau (très pratique pour éviter la saleté dans la maison le passage obligatoire par le sous-sol!!), de salle de fête (c’est très rassurant en tant que parent de laisser le sous-sol aux ados pour leur fiesta, plutôt que la maison…). Ca, c’est pour les usages réguliers.

Et il y a les usages de brocante, d’atelier de bricolage, et de stockage bien sûr.

Multi-stockage

Ses étagères de sous-sol sont une succursale d’un magasin de bricolage. Au fond, les tasseaux récupérés du démontage du lambris qui tapissait une partie de la maison quand ils l’ont achetée (presque tous réutilisés d’ailleurs). Ici, les bouts de bois divers et variés qui lui servent pour les petites réparations, pour faire des cales. Là, les restes de matériaux de décoration : parquets, carrelages, faïences, papiers peints, peintures. Parfois, ça a servi. Mais certains stocks sont là depuis une vingtaine d’années…

Et il y a toute la quincaillerie récupérée des nombreux meubles en kit de grande surface : clous, vis, pièces de meubles, poignées, équerres, fixations murales, les fonds de meubles en carton rigide, qu’il n’installe pas, gagnant ainsi 2 cm de profondeur dans les armoires. Les pièces sont triées et rangées dans des boîtes à chaussures qu’il a conservées. « Ah, tu vois, ça sert… ».

Son sous-sol héberge quelques meubles en attente de customisation plus ou moins forte : un lit bateau ancien en 190×90, qui ne retrouvera. Et qui pourrait devenir : deux têtes de lit une personne, deux étagères-bibliothèque… Une table qui deviendra table basse. Un meuble dont plus personne ne voulait.

Régulièrement, il se dit qu’il fait bien de garder tout ça, lorsqu’il dégotte dans son stock la boîte pile de la bonne taille, une vis vite fait, un chiffon pour attaquer enfin la rénovation d’un meuble, du beau tissu pour une réparation ou un petit projet.

Puis il y a toutes les occasions où il soupire en regardant ses placards pleins. Si un jour ils déménagent, tout ce barda-là ne déménagera pas, lui. Ça ira à la ressourcerie pour ce qui est possible, et à la déchetterie pour le reste, surement. Mais il chasse bien vite cette idée, qui pourrait l’amener à remettre en cause tout ce qu’il stocke, et finit de ranger un énième bocal ou une énième boîte en carton.

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