Sélectionner une page

Teintures, cheveux blancs et nature

22/11/2021 | Au quotidien, Soin de soi

Aujourd’hui, parlons cheveux, parlons tifs, parlons tignasse de couleur blanche… Pourquoi parler cheveux blancs dans une démarche écologique?

Les teintures classiques sont des produits chimiques agressifs et polluants. Mauvais pour votre santé et l’eau. Ce peut être contourné via les teintures végétales. Par ailleurs, une teinture, chimique ou naturelle, consomme une quantité très importante d’eau. Enfin et surtout, on en arrive aux besoins que nous fait miroiter la société, socles de notre surconsommation, de notre asservissement aux injonctions d’apparence… Je vous parle donc cheveux blancs, comme illustration de tout cela.

Couvrez ces cheveux blancs que je ne saurais voir…

Les premiers cheveux blancs, presque inaperçus

J’ai eu mes premiers cheveux blancs à 28 ans, à la naissance de mon ainée. Tout lien entre les deux événements serait évidemment fortuit. Bien sûr, les premiers fils blancs passent inaperçus de l’entourage. Je les ai supportés un moment, me lamentant en solitaire devant la glace, cherchant et arrachant les fautifs. Oui, car c’était grave que mes cheveux poussent blancs, ils étaient mauvais de pousser blanc, ils avaient fait des bêtises, ils n’avaient qu’à pousser bruns, comme ceux d’à côté, prendre exemple sur les bons élèves qui eux, savaient où trouver la mélanine. En plus, mon homme n’avait pas de cheveux blancs, c’était injuste.

Le stade des teintures chimiques

Puis, aux alentours de la naissance de mon troisième, est arrivé le stade où je les voyais tout le temps. Et où je me disais que les autres devaient les voir aussi. Techniquement, j’en avais sur les côtés, visibles quand je soulevais ma masse de bouclettes… J’ai commencé les teintures chimiques chez le coiffeur. Comme j’ai la chance d’être sensible pour tout, mon crâne a piqué, picoté, gratouillé à chaque fois que j’ai fait une teinture chimique. J’ai bien senti que ce n’était pas bon pour moi. J’ai dû faire trois ou quatre teintures chimiques, très espacées dans le temps. Ben oui, pas plus, parce qu’au final, à ce moment-là, je n’en avais pas beaucoup des cheveux blancs.

L’étape des teintures végétales

En 2012, j’ai découvert les teintures végétales, grâce à une naturopathe. Et pendant 7 ans, je suis allée régulièrement chez une coiffeuse spécialisée cacher mes cheveux blancs. Toutes les 8 semaines environ. Cheveux blancs qui se multipliaient, bien évidemment, ce phénomène est rarement réversible. J’ai bien essayé tout ce qui se dit pour inverser les cheveux blancs : les postures inversées de yoga, les massages crâniens, les huiles magiques… Ça n’a pas marché pour moi.

La teinture végétale a l’avantage d’être purement… végétale, comme son nom l’indique. Elle est donc beaucoup plus inoffensive pour le cuir chevelu et la santé (à part des cas d’allergies à certaines plantes). Elle peut même avoir un effet très positif sur le cheveu, du fait de certains composants, comme le henné, qui gaine et fait briller les cheveux. En dehors de ça, comme sa cousine chimique, c’est beaucoup, beaucoup, beaucoup d’eau utilisée pour six à huit semaines d’illusion…

La teinture DIY…

Pour des raisons financières, j’ai parfois tenté la teinture à la maison, que ce soit chimique ou végétale. Ce ne sont pas les rayons des supermarchés qui manquent de ce type de produit, ni les rayons de la Biocoop. Au cours de mes expérimentations, j’ai :

  • flingué plusieurs serviettes de toilette,
  • redécoré malgré moi les murs de la salle de bains lors du rinçage : un conseil, pas de geste de tête brusque avec les cheveux gorgés de teinture et d’eau…,
  • tâché des cols de t-shirts malgré mes précautions. Donc après, vous vous enfermez moitié dépoilée dans la salle d’eau,
  • ouvert la porte à un livreur avec la tête en paupiette de cellophane : « Bonjour Monsieur, n’ayez pas peur… »,
  • passé quelques heures assises sur le bord de la baignoire à patienter le temps de la pose, car je ne voulais pas montrer ma trombine en papillote. Ben, je voulais limiter les frayeurs après celle du livreur…

Bref, vous l’aurez compris, je trouve ça une corvée, j’ai laissé tomber les teintures « maison ».

Accepter les cheveux blancs

Tous bien coiffés, au naturel…

Progresser dans l’acceptation

Dans l’histoire, mon souci de cheveux blancs, c’est surtout que je ne les acceptais pas. Je n’acceptais pas de me voir autrement que brune. Je refusais cette marque de vieillissement. Il y avait pour moi un aspect totalement inacceptable dans le fait d’avoir des cheveux blancs, et donc une chevelure grise (quand on est brune au départ). Est-ce lié à mes grand-mères, qui étaient grises, pas forcément très coquettes par ailleurs? Est-ce lié au discours social, au discours des magazines féminins (tellement normatif…)? Au hasard : les nouvelles teintures du printemps, comment réussir sa teinture maison, un relooking réussi car la chevelure terne au naturel a pris de l’éclat cuivré grâce à la teinture… j’en passe et des meilleures. Bref. Inacceptable.

Sauf que… sauf que je voyais bien le temps, l’énergie et l’argent que je passais à les cacher, ces cheveux blancs. Je voyais bien la quantité d’eau, de poudre végétale, de serviettes en éponge salie à chaque teinture, en tout cas lors de mes tests DIY. Et l’idée faisait son chemin, qu’un jour peut-être, je pourrais assumer mes cheveux blancs. Mais c’était forcément un jour lointain, un peu comme l’idée d’avoir un animal de compagnie : c’est pour quand je serai bien vieille, au soir, à la chandelle, assise au coin du feu… Discrètement, mais surement, mon homme a été exemplaire et soutenant sur le sujet, il m’a dit qu’il me trouverait (encore plus) belle avec mes cheveux au naturel…

Un modèle…

Et j’ai repoussé le moment d’assumer ça, jusqu’à ce qu’une collègue le fasse. Elle avait des cheveux blancs depuis longtemps, teintait régulièrement ses cheveux en brun cuivré. C’est une nana que j’adore et que j’admire, elle pète le feu, elle aime les gens, elle donne tout, elle s’enthousiasme, elle s’énerve… Et elle a assumé d’un seul coup ses cheveux blancs, ras-le-bol des rendez-vous chez le coiffeur. Et ça lui allait merveilleusement bien, apportant une douceur incroyable à son visage, sans la faire paraître plus âgée, et sans rien enlever à son tempérament de feu. Mes réticences ont lentement fini de se dissoudre (bon lentement, quelques années quand même hein), et ça fait maintenant plus de trois ans que j’ai arrêté de teinter mes cheveux.

Actuellement, il est plus facile de trouver un modèle aux cheveux blancs, si comme moi, vous avez besoin d’un exemple inspirant pour vous montrer le chemin. Les cheveux gris de Andie McDowell ont défrayé la chronique, en positif cette fois, lors du dernier festival de Cannes. Ou bien tapez dans un moteur de recherche (Ecosia???) « stars qui assument leurs cheveux blancs » et vous trouverez nombre d’images d’actrices ou chanteuses, plus ou moins jeunes, de quelques fils blancs à la totalité de la chevelure. Elles sont toutes magnifiques…

Le sexisme des cheveux blancs

Quelque chose vous choque-t-il dans ce que je viens d’écrire? Oui? Je l’espère. Je n’ai parlé que de stars femmes. Or « stars » est un mot mixte. Eh bien, en faisant cette recherche, je n’ai récupéré que des photos de femmes. Scandale encore une fois, les cheveux blancs seraient un souci pour une femme, et pas pour un homme. Mais quand même, on en parle des mecs qui assument leurs cheveux blancs aussi? Dans la réalité, c’est bien moins compliqué pour un homme. Il est régulièrement dit que cela contribue à leur charme. Si, regardez une photo récente de Georges par exemple (Clooney bien sûr)… Fin de la parenthèse… J’arrête là mon réquisitoire contre le sexisme.

Libérer les cheveux blancs… et pas seulement

Suite à ce cheminement, ce qui pour moi participait de l’hygiène de mes cheveux, de leur entretien courant, est devenu totalement superflu… Et je le vis comme une libération : j’ai enlevé une contrainte temporelle, financière, une charge mentale, une croyance, une injonction sociétale. Je consomme beaucoup moins d’eau et de produit pour l’entretien de mes cheveux.

Bien sûr, il faut parfois assumer le regard des autres. Ces personnes que vous n’avez pas vues depuis longtemps, et dont vous lisez le regard surpris « pétard, elle a pris un coup de vieux!!! ». Ces coiffeuses, qui lorsque vous franchissez le seuil de l’échoppe, vous accueillent d’un sonore « ah, bonjour Madame, c’est pour la teinture » « ben non, juste pour une coupe » « oh pardon… ben oui, mais vous avez les cheveux gris aussi, j’ai cru que… » « oui, c’est ça, vous avez cru… » Ce sont des occasions d’expliquer!

Cette démarche d’acceptation de mes cheveux au naturel a été longue. J’en suis fière. C’est un détail écologique, mais un point majeur dans le refus des injonctions d’apparence et de consommation! Et vous, team teinture, team nature, team « j’ai pas de cheveux blancs »?

v

8 Commentaires

  1. Coucou Catherine ! Je me suis reconnue bien sûr ! Et ce que tu ne dis pas parce que tu ne le sais peut être pas où tu as oublié (je parle tellement ) mais c’est ma coiffeuse qui me l’a proposé et qui depuis me coiffe! Il faut une bonne coupe je pense pour assumer complètement !

    Réponse
    • Merci pour ton complément d’infos et ton commentaire! Je me doutais bien que tu te reconnaîtrais… Ma modèle cheveux blancs :). Je ne me rappelais effectivement plus que c’était une proposition de ta coiffeuse, garde-la précieusement, elle est bien! Moi, bonne coupe ou pas (va couper des cheveux qui frisent à leur idée!!), j’assume désormais, même s’il y a des moments bizarres, comme je l’ai raconté dans le post!

      Réponse
    • Pauvre livreur

      Réponse
      • J’ai la faiblesse de penser que les livreurs voient pire, et qu’il s’en est remis… 🙂

        Réponse
  2. En plus, c’est un comble ! Les jeunes veulent se teinter les cheveux en blanvs, alors que les personnes aux cheveux naturellements blancs veulent les cacher .

    Réponse
    • La magie de la mode et de l’importance de l’apparence… les jeunes testent les cheveux blancs à coups de chimie, puis, en vieillissant, cacheront leurs cheveux blancs le jour J, à coup de chimie aussi…?

      Réponse
  3. et bien moi, je n’ai rien contre mes cheveux blancs, et j’aimerais arrêter les teintures, quelles qu’elles soient; pour toutes les raisons que tu évoques
    Je recule devant l’obstacle parce que la phase incontournable de « j’arrête de teindre mes cheveux et ça fait une horrible démarcation qui pousse pendant des mois et des mois » ne me fait vraiment pas du tout envie.
    Et me couper les cheveux courts pour que ça aille plus vite, non plus 😉

    Réponse
    • Je suis d’accord que la phase de « je me colore » à « j’ai arrêté totalement » n’est pas une phase agréable. Comme je faisais des teintures végétales, elles s’estompaient avec le temps. Du coup, le fait d’arrêter n’a pas produit de démarcation trop violente. Peut-être en changeant d’abord le type de teinture que tu fais (essayer du temporaire, ou du végétal?), puis en les arrêtant? Le temps que les nouvelles teintures qui s’estompent atteignent ta longueur de cheveux? Pas simple comme étape, mais pour rien au monde, je ne recommencerais les teintures (entre autre pour ne pas retraverser cette phase de transition), même quand je me prends des remarques « sympa » sur mon vieillissement visible!! 🙂

      Réponse

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Inscrivez vous à ma newsletter

Inscrivez vous à ma newsletter

Un récapitulatif,
une à deux fois par mois,
des articles parus?
Inscrivez-vous à ma newsletter!

Votre inscription a bien été prise en compte