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Manger bio pour sa santé? (1/3)

29/09/2021 | Alimentation, Au quotidien

Premier volet d’un trio : Manger bio pour sa santé? Manger bio pour l’environnement? Quels aliments bio en priorité?

C’est THE question qui m’a été la plus posée depuis que j’ai commencé ces billets, à savoir, « quels aliments bio acheter en priorité? ». Je vais devoir vous décevoir immédiatement : je n’ai pas de réponse toute faite. Je ne peux pas vous dire : « il faut absolument acheter les oeufs bio, ainsi que les pommes » ou encore « le principal, ce sont le pain et le lait », ou enfin « la priorité n’est pas l’alimentation, c’est le dentifrice et les chaussettes ».

Et je ne peux pas vous donner mon avis sur les priorités d’achats d’aliments bio, sans aborder les raisons qui nous font acheter bio… Donc en gros, et pour ma part, ma santé et celle de ma famille d’un côté, et l’environnement et le système de l’autre. Les deux sont évidemment liés au final.

J’ai donc décidé de faire trois posts pour tenter d’apporter mon point de vue sur cette question que je trouve compliquée. Voici le premier, sur le lien entre manger bio et santé.

Les problèmes de l’alimentation moderne

Modification profonde de notre alimentation depuis des décennies

J’attaque dans le « dur » direct, sans vous présenter les problèmes « visibles » des dérives alimentaires, fast-food, sodas et compagnie.

David Servan-Schreiber (RIP), dans une interview au sujet de son livre « Anticancer », expliquait que les « sources » de maladie dans notre alimentation sont, depuis la seconde guerre mondiale :

  • L’augmentation faramineuse de notre consommation de sucre raffiné. Le sucre est la drogue la plus répandue et toxique du monde moderne…
  • l’utilisation de pesticides et de produits chimiques, que l’on retrouve dans les aliments entre autres.
  • le changement de l’alimentation des animaux que nous mangeons, qui sont passés du fourrage, riche en omega 3, au maïs et au soja, riches en omega 6… d’où un impact sur la viande, les oeufs, les produits laitiers.

Par ailleurs, sans rentrer dans les détails, et en caricaturant un peu, les modifications de nos modes de vie, de notre environnement et de nos modes d’agriculture (sélection des semences) ont fait exploser les cas d’allergies, et plus sournois car à bas bruit souvent, les cas d’intolérances. Les allergies sont très souvent visibles et donc traitées. Les intolérances beaucoup moins… Dans les responsables possibles, connus et polémiques : les produits laitiers, le gluten, etc.

Carences en fibres, minéraux et vitamines

Le principal problème alimentaire en France (et en Occident en général) n’est plus la ration calorique journalière, sauf pour une marge de la population. Les carences actuelles y concernent principalement les fibres, les vitamines et les minéraux, ingrédients que l’on trouve majoritairement dans les fruits et légumes frais.

Une alimentation santé commence donc (à mon idée, mais aussi à celle du gouvernement qui nous serine qu’il faut « 5 portions de fruits et légumes par jour ») par une proportion très élevée de légumes et fruits frais, avant même d’aller sur du bio… Et on parle bien de portions, 5 tomates cerise, ça ne fait pas une portion hein! En plus, ah oui, désolée, le chocolat ne compte pas, le vin non plus, pas plus que les bonbons à la banane…

David Servan-Schreiber précisait également : « Il ne faut pas pour autant que la prise de conscience de la nocivité des pesticides empêche les gens de manger des fruits et des légumes : les bénéfices sont très supérieurs à l’impact négatif des pesticides. Il vaut mieux manger des brocolis avec ces pesticides que ne pas manger de brocolis du tout ! Bien sûr, c’est mieux de manger des fruits et des légumes bio, mais ne nous privons pas d’en manger s’ils ne le sont pas ! Lavons-les et pelons-les, c’est tout. »

L’évolution des connaissances alimentation-santé

Par ailleurs, les sujets santé par l’alimentation m’intéressent et j’ai beaucoup lu sur le sujet ces dernières années. Et je me suis rendu compte que certaines notions que j’avais apprises à l’école avaient pour le moins bougé…

Ce qu’on apprenait sur une alimentation équilibrée il y a quelques années

Lorsque j’étais au lycée, j’avais appris qu’il y avait les groupes d’aliments suivants :

  • Les protéines : viande, poisson, oeuf
  • les sucres lents ou « féculents » : céréales, pommes de terre
  • les légumes et fruits : euh, les petits pois, légumes ou féculents?
  • les laitages
  • le gras : beurre, huiles

J’ai appris que dans les légumes et les fruits, il fallait en consommer crus et cuits, pour des histoires de vitamines. J’ai aussi appris que les « glucides », groupe auquel appartiennent les féculents, se répartissaient entre sucres « lents » et sucres « rapides », ces derniers étant globalement associés à la présence de sucre (au goût). Et qu’il fallait privilégier les sucres lents pour l’énergie… Et qu’une alimentation équilibrée piochait dans chaque catégorie, avec des proportions qu’on nous avait données et que j’ai oubliées.

Les notions alimentation-santé que j’ai découvertes et apprises :

Puis j’ai lu, un peu partout, j’ai pioché des infos, j’ai grapillé, j’ai creusé, et j’ai beaucoup appris. Voici quelques exemples décousus de mes apprentissages :

  • il n’y a plus de sucres « lents » et « rapides » : il y a des index glycémiques (IG), et le classement des aliments selon leur index glycémique réserve de belles surprises, par exemple pour le pain. Que celui ou celle qui n’a jamais eu une fringale vers 15h en se disant « mais je ne comprends pas, j’ai mangé un sandwich ce midi pourtant » aille voir un classement des index glycémiques…
  • ce qu’on appelle en général « légumes » couvre une variété très large d’aliments : quel point commun en termes d’alimentation entre un butternut farineux et bien sucré et un poireau??? Pas les mêmes fibres, pas le même index glycémique, pas les mêmes vitamines… Bref, les légumes « verts » ont bel et bien une place à part dans le classement alimentaire.
  • les régimes divers et variés se trompent très lourdement sur un aspect crucial : il ne faut limiter que le mauvais gras, c’est-à-dire les gras « inventés » par la société industrielle (les hydrogénés, etc), y compris certaines huiles trop riches en omega 6 (tournesol par exemple). Autant j’ai déclaré depuis des années « haro sur le sucre », autant je clame à qui veut l’entendre (et avec une certaine modération quand même hein) que « le gras, c’est la vie! », en arrosant mon assiette d’huile (au choix) d’olive / colza / sésame /…
  • et je pourrais me lancer dans un exposé sur les aliments qui permettent ou non de préserver l’équilibre acido-basique de l’organisme. La seule conclusion sur ce point que j’aie mise en pratique, encore et encore: des légumes et des fibres, encore et toujours plus…
  • et on pourrait continuer encore beaucoup, en particulier sur les intolérances alimentaires, que je citais plus haut : le vrai du faux sur les produits laitiers, le gluten, etc.

Alimentation et santé, par où commencer alors?

Dans « manger bio pour sa santé », il y a « santé »…

Comme expliqué ci-dessus, les pesticides ne sont qu’un aspect parmi d’autres de la santé par l’alimentation…Acheter bio permet donc d’éviter ces produits nocifs, mais ne suffit pas pour garantir une alimentation santé.

Pour caricaturer (et provoquer un peu) : pour votre santé, ne gaspillez pas votre argent à acheter bio si votre alimentation est composée de plats tout préparés, de chips et de biscuits, et/ou si votre vie contient massivement cigarettes, alcool, stress permanent, absence d’activité physique ou de plein air. Vous n’obtiendrez malheureusement pas d’effet sur votre santé.

La question financière du bio

Le bio coûte globalement et nettement plus cher que le non-bio, ce qui est logique compte tenu du mode de production. Et c’est d’autant plus vrai pour des produits comme la viande, le poisson ou le fromage.

Les modèles « steak-frites », « escalope-riz », « cote de porc-patates » constituent l’immense majorité des plats du jour dans les menus de restaus, de cantines, et souvent dans les tablées familiales. Au sens de la culture générale basique, et à condition d’avoir des entrées végétales et un accompagnement qui contienne des légumes, ce sont souvent des menus dits « équilibrés ».

Ainsi, il est évidemment possible de garder une alimentation qui serait classiquement « française » en version bio : une part de protéine animale au centre du repas, et une part cruciale pour le fromage-salade. Par contre, convertir ce type de menu en pur bio, ça coûte un bras… D’où également l’intérêt financier de « végétaliser » son alimentation dans un objectif santé.

Végétaliser son alimentation en priorité

Ainsi, au-delà des questions de stress et d’habitudes de vie (chacun son chemin sur ces questions), je suis convaincue qu’acheter bio est la cerise sur le gâteau d’un mode de vie modifié dans un objectif « santé » et d’une alimentation revue et corrigée en mode :

  • produits plus bruts : moins de produits ultra-transformés, plus de produits bruts cuisinés à la maison
  • beaucoup plus de fruits et légumes frais (mais vraiment beaucoup plus quoi)
  • moins de sucre
  • moins de viande (si, si)
  • pas ou peu de produits provoquant des intolérances (à vous de vous connaître…)

C’est une alimentation qui apporte en priorité à nos organismes ce dont il manque rapidement, les fameuses fibres, vitamines et minéraux.

Les atouts – inconvénients santé du bio

Une fois que votre alimentation vous apporte ce dont votre corps a vraiment besoin, le bio est accessoirement l’option santé qui vous permet de ne pas ingérer d’éléments nocifs (pesticides, produits chimiques, etc), ou en tout cas d’en ingérer nettement moins qu’en alimentation non bio.

Car il faut bien rappeler que l’agriculture bio, dans son cahier des charges, donne une obligation de moyens de production, et toute une liste d’interdictions et de restrictions. Elle n’oblige à aucun résultat sur le produit fini! D’où les quelques enquêtes qui ont trouvé des pesticides dans des végétaux bio : il suffit, par exemple et parfois, de vent, d’ateliers qui exploitent bio et non bio, pour que des produits bio se retrouvent contaminés.

Par ailleurs, tout le monde n’est pas d’accord sur une meilleure valeur nutritionnelle des aliments bio. D’autres diront même qu’ils contiennent davantage de myco-toxines, de micro-champignons et moisissures.

Dernier point, il y a certainement de la fraude sur le bio… Oui, mais sur l’alimentation non bio aussi, ce ne sont pas les scandales qui manquent pour rappeler ce fait. Et c’est dommage de se baser sur des cas marginaux pour décider de bio / pas bio : il me semble avoir déjà lu ici ou là qu’il y a un seuil « bas » de 3 à 5% de tricheurs dans tout système…

Et du coup, manger bio pour sa santé?

Du coup, vous l’aurez compris sans doute à cette lecture, je pense que :

  • pour un objectif de santé, acheter bio n’est pas la priorité. Il y a d’autres « points – santé » à traiter avant d’arriver à acheter bio. Une fois que c’est fait, ou en même temps, alors oui, vive les achats bio!
  • quand on achète bio, il faut se rappeler que le mode de production, ou le produit tout seul d’ailleurs (au hasard, les chips!) ne garantit pas à tous les coups le résultat « bon pour la santé ».

Et je pense donc qu’acheter bio et en être satisfait nécessite de le faire aussi avec une motivation environnementale.

v

2 Commentaires

  1. Les chips bio c’est bon

    Réponse
    • Yes! Et aussi les chips de betteraves, de carottes, avec du houmous!

      Réponse

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